Quand il est là, il est assez loin des grands massifs, loin des battues, il a compris comment vivre un peu plus longtemps, lui, qui est lourd, volumineux, bruyant dans sa fuite, et donc facile à tirer quand il est coincé dans la traque et passe trop près du tireur.
Il me faudra revenir sur ce versant exposé sud pour espérer le rencontrer, voir ce qu'il a sur la tête, l'endroit est peu fourré, il y a un arbre de tombé, quelques ronces et genêts, se créer une opportunité de tir est possible ...
Les jours passent et j'ai envie d'y retourner, je veux le voir. C'est la fin de journée, je décide d'accéder à la remise par le haut, je pars calmement, le sol est sec et trop bruyant. Cela me déplait, je me rend compte de mon erreur mais il est trop tard pour changer de stratégie, faire demi tour serait refaire encore un peu plus de bruit, un autre passage par une zone en prairie m'aurait effectivement permis d'être plus discret. J'ai déjà réussi ici de cette façon sur un petit groupe de sanglier, je reste positif...
J'avance doucement, la carabine est chargée , le point rouge réglé à la bonne intensité... FLOK !!!...c'est tout, rien de plus...le bruit d'un coup dans l'eau...!!!??? je cours, pense au ruisseau d'en face, contourne le fourré et viens me placer sur le point haut qui me permet de voir la petite vallée... Je ne vois rien, je n'entends rien, est-ce un autre animal plus léger qui serait parti??? le cerf devrait faire encore du bruit dans les arbres serrés!
Je vérifie la trace, je pars autour de la remise dans la pente, où l'animal aurait pu particulièrement marqué le sol de ses sabots, il n'y a rien face au ruisseau. je persiste et vérifie la dernière direction possible improbable et là...
dans une veille souille, un pied, un seul, bien marqué, les ongles bien écarté me montrent où l'animal a bondit et fait ce flok...l'animal a presque pris en retour, discrètement par la prairie.Je cours, j'imagine maintenant son trajet, je cherche maintenant à rejoindre l'autre vallon en restant le plus haut possible pour mieux voir et éventuellement tirer. J'y suis....rien dans la zone ouverte, le marais, j'écoute, plusieurs minutes, je crois que c'est perdu, j'ai mis trop de temps ...
L'espoir revient
Du bruit en face de moi!!!..., le bruit régulier d'un animal au trop dans les feuilles mortes, un animal lourd , je ne le vois pas dans le taillis que je surplombe, il est à 100 mètres à peine. Il va sortir du territoire... Je contourne par la droite choisi le chemin le plus silencieux, le plus propre, je cours tout en gardant mon souffle, courrir vite pour ne pas pouvoir tirer ne sert à rien.J'ai maintenant 500 mètres dans les jambes, j'ai chaud, je crois qu'il va passer là ... j'attends... rien...
je reviens vite sur mes pas et recoupe son itinéraire, là où je l'ai entendu pour la dernière fois, il fait presque nuit, un court pistage est encore possible..., je passe par le chemin et...merde, il démarre, ça va très vite, il fait sombre, j'épaule suit la forme à travers les arbres, il s'arrête en crête...je vois son postérieur, son ventre, pas plus, il est a soixante mètre... je ne peux pas tirer efficacement... il disparaît.
Je m'assois... il a gagné.. je suis heureux... la quête n'est donc pas fini et pourra reprendre un autre jour, je veux le voir ...
