Alisier
Posté : sam. 29 avr. 2017 10:42
Comme beaucoup le savent l’Alisier est un arbuste voire un arbre pouvant atteindre une hauteur de 25m. De la famille des sorbiers, il est sorbus torminalis, aria, latifolia et encore quelques sous-espèces de par le monde.
Les Alsaciens en font du schnaps, d’ailleurs avec quoi n’en feraient-ils pas ?…
Étant friand de ce breuvage, un peu trop sûrement, j’ai la coutume d’en boire un coup lors de retour victorieux d’un affût réussi. Cette tradition n’étant pas exclusivement réservée à l’affût, je l’ai d’ailleurs exportée en Béarn lors d’une chasse à l’Isard chez mon jeune ami le « Lapin des cimes » ainsi que chez « JCF ». Si vous n’en avez plus, le réapprovisionnement est toujours possible…
Mais avant de boire un coup, il faut suivre l’histoire… … …
Après trois jours de pluie et de neige mêlée, je suis parti à l’affût crépusculaire dans le massif des Vosges gréseuses.
Un chemin perdu qui n’aboutit nul part, à flan de colline où un mirador a été installé juste en bas d’un grand dégagé d’une vingtaine de mètres de large et environ deux cents mètres de longueur « hauteur ». En contre bas, sur ma gauche, une petite clairière parsemée d’essences diverses.
Au loin dans la plaine alsacienne j’entends les cloches d’une église. Il est déjà 20h et cela fait plus d’une heure que je suis là. Emmitouflé dans mes diverses laines polaires j’attends le crépuscule qui donnera l’envie aux suidés d’aller chercher pitance…
De mes songes de vieux chasseur, je suis sorti par un bruit de branches cassées, cervidés en promenade, sangliers en vadrouille. Plusieurs minutes s’écoulent sans aucun bruit à l’exception de quelques oiseaux chamailleurs et d’un magnifique pic noir.
Sans bruit doucement un sanglier monte le long de la clairière, sur le chemin, il s’arrête et boit dans une flaque d’eau. C’est un petit keiler d’environ 40 kg vidé, ce qui correspond au maximum de poids du règlement interne pour les prélèvements de printemps. Inquiet, il regarde vers le haut, là où j’ai entendu le bruit, et se précipite dans la régénération de hêtres.
Je n’allais jamais imaginé qu’il sorte sur le grand dégagé, une vingtaine de mètres au-dessus de mon poste d’affût. Heureusement je suis à bon vent, mais son inquiétude m’empêche tout mouvements. La carabine se trouve à ma droite, le grossissement sur 2, doucement je l’attire à moi, mais l’œil du keiler qui est maintenant à ma hauteur, détecte ma présence…
En une fraction de seconde il fait un quart de tour et bondit dans la régénération. Le coup de feu claque alors qu’il est de ¾ arrière légèrement au-dessus de moi, à une quarantaine de mètres. Il tombe dans ses pattes, secoue ses postérieurs puis au bout de quelques instants se relève rapidement et disparaît sous les petits hêtres !…
J’attends quelques minutes et me dirige à l’anschuss présumé, il y a bien une trace de chute dans les feuilles, mais aucun indice de blessure. Je suis une coulée sur une cinquantaine de mètres et me résigne, aucun indice ?… Je dois retourner sur le mirador, prendre mes affaires et rentrer à la maison.
Alors que je ne suis pas arrivé sur mon siège, quatre sangliers montent la clairière, un très gros keiler et trois animaux. Si j’ai ma carabine à l’épaule, je n’ai pas mes jumelles autour du cou, et je dois savoir sur quoi éventuellement je tirerai…
Le gros me regarde, puis s’avance vers le chemin, je fais deux pas, il regarde, je m’arrête, il repart, encore trois pas et je suis en bas de l’échelle.Celle-ci bien disséminée me permet de grimper à couvert. Les jumelles en main, j’observe les trois petites laies, le keiler ne s’est pas arrêté sur le chemin. C’est bizarre, il est monté vers la direction de fuite du petit keiler que j’ai tiré ? …
Les laies s’inquiètent, l’une d’elles redescend. La croix est devant l’épaule de la plus petite, elle s’écroule sur place sans un souffle. Elle pèsera 36 kg vidée dans les règles de l’art…
Mais mon keiler est-il raté voire touché à l’apophyse ou mort dans cette immense forêt ? … … …