La saison de chasse au petit gibier étant terminée, il était temps de tenter de remplir les creux dans les tiroirs du congélateur entre les divers faisans et canards sauvages. Les temps sont durs, on s’adapte comme on peut. Du moins c’est une excuse parmi d’autres qui tient à peu près la route. Surtout, mon copain (il est promu « copain » depuis l’an dernier) amateur de champignons avait renouvelé son invitation à chasser l’hydropote chez lui lors d’une journée de chasse au petit gibier à laquelle nous l’avions invité en octobre. D’ailleurs il s’était distingué en tirant la seule perdrix tuée sur notre petite chasse de mémoire vivante. Ce n’est pas qu’il n’y en a pas, c’est qu’elles ont tendance à disparaître à l’ouverture et à hiverner chez les voisins.
Pendant les onze longs mois depuis ma dernière visite, j’avais eu le temps d’élaborer un chargement pour ma 7mm-08 avec des balles monométalliques en cuivre Fox, que je n’avais pas encore testées sur le gibier. Donc j’étais aussi curieux de voir les résultats, et puis ça me donnait une occasion de ressortir la Stutzen. Enfin tout ça c’est du vent, je voulais juste retourner chasser le grand gibier, ça me démangeait !
Cette fois-ci, j’ai demandé à Mini-Martes s’il voulait m’accompagner, et du haut de la sagesse de ses 9 ans, il a fait son examen de conscience pendant 48 heures avant de conclure qu’au fond, il n’était pas capable de rester silencieux assez longtemps. D’accord, ça sera pour une autre fois. C’est bien d’être conscient de ses propres limites. ET c’est donc seul que j’ai pris la route juste avant 5h du matin, avec un moment de peur toutefois quand Mademoiselle-Martes (4 ans tout juste) s’est signalée dans le corridor à 4h30 pour me dire « Je suis pas fatiguééééééée ». Et m***e. Heureusement j’ai pouvoirs hypnotiques.
Je retrouve mon copain au tout petit jour aux abords de son territoire, principalement des champs tout juste en herbe, quelques parcelles de pâturage, le tout bordé de haies. Au bout d’une demie heure nous avons répéré quelques bêtes, mais chez les voisins, ou inapprochables. C’est presque la fin de la saison et ils sont maintenant discrets et sur le qui-vive. Nous essayons d’en approcher un qui est couché au beau milieu d’un champ, mais en fait, ça lui donne une vue imprenable dans toutes les directions, et il finit par déguerpir.
Vers 8h, nous repérons un mâle qui semble se battre contre lui-même dans les broussailles au bord d’un champ, au bord d’un ruisseau (d’où le Hydro- d’ailleurs). Nous approchons, attendons, j’ai la carabine sur les 4 Stable Sticks, mais il ne présente pas de tir fichant, puis une femelle arrive sur la crête, ils se mettent à se poursuivre. C’est un spectacle charmant, et pour la première fois je les entends vocaliser, mais pas de tir, puis la femelle disparaît, le mâle aussi. ARGHGNNNN ! Bon, on continue le long du ruisseau, et après quelques minutes je le retrouve, obscurci par les broussailles. De nouveau sur les cannes, j’attends, j’attends… Alleeeeeez, encore un peu vers le champ, naaaaan, pas qu’avec la croupe ! Tourne, tourne encore un peu… PAN !
20230224_083046 by pinemarten, on FlickrCa s’agite un peu dans les broussailles pendant quelques minutes, puis plus rien. On avance, il est couché à environ 70m, je ne vois même pas de trou d’entrée, mais il y a une ligne de poils et de bouts de poumons derrière sur quelques mètres. Une ligne de poils lui manque sur le dos, révélant des cicatrices infligées par les défenses s’un autre mâle, et une entaille profonde dans un de jarrets avant. Clairement il n’aimait pas se battre qu’avec lui-même. Ses défenses sont tout à fait correctes, je garderais le massacre. Il est 8h30. Voilà une journée qui commence bien.
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