Sus Scrofa Pomeranus
Posté : lun. 30 déc. 2019 03:43
La lecture captivante de vos récits m’a décidé à apporter une modeste contribution à votre beau forum. 
C’est parti !
Poméranie occidentale, fin octobre 2019.
Sortie de la dernière chance après 2 jours de bredouille. Mon ami Andrzej me recevait une nouvelle fois en Pologne et un heureux concours de circonstances nous laissait chasser seuls sur un territoire de 7000 ha, le rêve ! Nous voilà partis pour une série de petites traques silencieuses dans un massif forestier connu pour être giboyeux. Organisation impeccable : un garde et trois rabatteurs, un chien, et un tracteur avec remorque pour nous déplacer entre les traques. Andrzej voulait me faire tirer mon premier « jeleń » (cerf) ou un « dzik » (sanglier). Conditions tellement privilégiées que nous nous voyions déjà victorieux....Cela sera 2 jours de buisson creux, si l’on peut qualifier de buissons les régénérations de feuillus et sapins de quelques hectares que constituait chaque traque. Le garde est très surpris de l’absence de grandes pattes et l’attribue au probable passage d’une meute de loups. Nous voyons 6 bécasses dont certaines énormes - grasses à souhait avant la migration...imaginez les rôties à la ficelle ! - et beaucoup de champignons dont des lactaires délicieux qui portent vraiment bien leur nom! Une belle compagnie de sangliers qui se défile bien trop loin pour tenter un tir au saut du layon, et 2 chevrettes que je laisse partir - pas là pour ça, mais aussi bien incapable d’identifier en pleine course entre les arbres...et le tir du brocard est déjà fermé. Bref le canon de la Tikka que Andrzej m’a prêtée reste inexorablement froid...
Dernière sortie ce matin avant le retour...nous tentons notre chance à l’affût, à 20 minutes à pied de l’auberge. Encore un beau territoire en bord de forêt, au moins j’en aurais pris plein les yeux...Voyons deux chevrettes à 300m et décidons de les laisser tranquilles. Nous descendons du mirador pour aller voir ce qu’il se passe de l’autre côté du bois. Petit détour pour prendre le vent de face, jumelage dans un pré, ... et entrée le plus silencieusement possible dans ce bois de feuillus....très vite nous arrivons sur une zone couverte de fouilles très fraîches...ils étaient là ce matin ... à 200 m du mirador ! Nous nous désolons de notre déveine, et soudain.... pfffrrr...2 animaux jaillissent du couvert d’un jeune sapin à 10m de nous. Dzik ! J’épaule....mince, la sûreté, comment s’enlève t’elle déjà? 3 précieuses secondes de perdues....l’œil dans la lunette, x6, pas fastoche....ouf, ça tombe pile sur une des deux bêtes noires qui se défile au trot, pas beaucoup de temps pour identifier mais l’animal paraît plutôt viril...pan....il tombe dans ses traces....ça gigote un peu et je décide de doubler rapidement en visant la tête....plus de mouvement...grande joie ! au bout de 5 minutes nous y allons....lorsque nous sommes à 5 m de lui l’animal de chasse se relève. Andrzej qui porte la carabine à cet instant n’a pas une bonne visu....pan .... et la bête noire continue son chemin. Zut !!!! Bon il nous reste 5-6h... Nous appelons un chercheur au sang qui arrive en 20 minutes. C’est bien trop tôt mais nous préférons y aller plutôt que de repartir sans faire la recherche. Un peu de sang, pas beaucoup, tous les 10m. La teckel à poil dur et la rouge de Bavière - plus noire que rouge - travaillent bien. Après 2 km dans un bois assez clair la piste nous mène à un étang entouré d’une roselière bien touffue et bordé d’un petit bois, en bordure de village. Ça se complique....la teckel ne peut rien faire dans les roseaux et seule la “rouge-noire”! y va, détachée de sa laisse. Elle travaille de long en large mais au bout d’un long quart d’heure nous commençons à perdre espoir au vu de la maigreur des indices relevés. Soudain : un aboiement, deux, trois....ça mène dans le petit bois à 100m sur notre gauche....et ça revient vers nous ! Bruit de branches cassées et de roseaux froissés....et tout va très vite: je sors ma dague, Andrzej remet une balle dans la chambre...nous nous approchons de l’endroit probable de sortie....et ça sort....à 15m...plein travers...plusieurs secondes qui paraissent une éternité...qu’est-ce qu’il fout???? .... pan ! ....roulé boulé......Il avait du mal à bien l’avoir dans la lunette...ce foutu x6 ! Les chiens sautent dessus et ça gigote encore mais cette fois ci est la bonne. Andrzej est un grand tireur et la balle était plein coffre! Mon pouls reste accéléré encore quelques minutes puis l’adrénaline laisse place à une grosse vague d’endorphines....je ressens une vive émotion, qui me rappelle celle de ma première bécasse....nous avons la banane...tous les 3 et les 2 chiennes ! Quelle scène de chasse!
C’est un beau mâle de 86 kg vidé, pas encore très armé mais bien constitué.
Bilan : ma première balle lui avait cassé la mâchoire inférieure et a du l’assommer - 30-06 balle lourde - la deuxième a du passer au dessus....ou alors sous le coup de l’émotion j’ai visé autre chose, trop pressé, je ne saurai jamais...piètre nemrod, je m’en veux.... si nous ne l’avions pas retrouvé il aurait sans doute connu une fin atroce et aurait pu être dangereux remisé dans cet état à deux pas du village...les chiens ont fait un travail impeccable, la teckel dans le bois puis la rouge de Bavière dans l’étang : l’a t’elle relancé vers nous à dessein comme on lit dans certaines histoires? On peut y croire, et rêver, l’action est en tout cas magnifique, et gravée à jamais dans nos mémoires, et tout est bien qui fini....très bien! Merci Andrzej, les chiens, leur maître, dame nature, Saint Hubert, la Pologne, et feu mon père pour m’avoir transmis cette passion.
« Mon » deuxième sanglier, et première prise en Pologne après une belle oie prélevée vingt ans plus tôt sur le même territoire. J’ai déjà hâte de revenir.
C’est parti !
Poméranie occidentale, fin octobre 2019.
Sortie de la dernière chance après 2 jours de bredouille. Mon ami Andrzej me recevait une nouvelle fois en Pologne et un heureux concours de circonstances nous laissait chasser seuls sur un territoire de 7000 ha, le rêve ! Nous voilà partis pour une série de petites traques silencieuses dans un massif forestier connu pour être giboyeux. Organisation impeccable : un garde et trois rabatteurs, un chien, et un tracteur avec remorque pour nous déplacer entre les traques. Andrzej voulait me faire tirer mon premier « jeleń » (cerf) ou un « dzik » (sanglier). Conditions tellement privilégiées que nous nous voyions déjà victorieux....Cela sera 2 jours de buisson creux, si l’on peut qualifier de buissons les régénérations de feuillus et sapins de quelques hectares que constituait chaque traque. Le garde est très surpris de l’absence de grandes pattes et l’attribue au probable passage d’une meute de loups. Nous voyons 6 bécasses dont certaines énormes - grasses à souhait avant la migration...imaginez les rôties à la ficelle ! - et beaucoup de champignons dont des lactaires délicieux qui portent vraiment bien leur nom! Une belle compagnie de sangliers qui se défile bien trop loin pour tenter un tir au saut du layon, et 2 chevrettes que je laisse partir - pas là pour ça, mais aussi bien incapable d’identifier en pleine course entre les arbres...et le tir du brocard est déjà fermé. Bref le canon de la Tikka que Andrzej m’a prêtée reste inexorablement froid...
Dernière sortie ce matin avant le retour...nous tentons notre chance à l’affût, à 20 minutes à pied de l’auberge. Encore un beau territoire en bord de forêt, au moins j’en aurais pris plein les yeux...Voyons deux chevrettes à 300m et décidons de les laisser tranquilles. Nous descendons du mirador pour aller voir ce qu’il se passe de l’autre côté du bois. Petit détour pour prendre le vent de face, jumelage dans un pré, ... et entrée le plus silencieusement possible dans ce bois de feuillus....très vite nous arrivons sur une zone couverte de fouilles très fraîches...ils étaient là ce matin ... à 200 m du mirador ! Nous nous désolons de notre déveine, et soudain.... pfffrrr...2 animaux jaillissent du couvert d’un jeune sapin à 10m de nous. Dzik ! J’épaule....mince, la sûreté, comment s’enlève t’elle déjà? 3 précieuses secondes de perdues....l’œil dans la lunette, x6, pas fastoche....ouf, ça tombe pile sur une des deux bêtes noires qui se défile au trot, pas beaucoup de temps pour identifier mais l’animal paraît plutôt viril...pan....il tombe dans ses traces....ça gigote un peu et je décide de doubler rapidement en visant la tête....plus de mouvement...grande joie ! au bout de 5 minutes nous y allons....lorsque nous sommes à 5 m de lui l’animal de chasse se relève. Andrzej qui porte la carabine à cet instant n’a pas une bonne visu....pan .... et la bête noire continue son chemin. Zut !!!! Bon il nous reste 5-6h... Nous appelons un chercheur au sang qui arrive en 20 minutes. C’est bien trop tôt mais nous préférons y aller plutôt que de repartir sans faire la recherche. Un peu de sang, pas beaucoup, tous les 10m. La teckel à poil dur et la rouge de Bavière - plus noire que rouge - travaillent bien. Après 2 km dans un bois assez clair la piste nous mène à un étang entouré d’une roselière bien touffue et bordé d’un petit bois, en bordure de village. Ça se complique....la teckel ne peut rien faire dans les roseaux et seule la “rouge-noire”! y va, détachée de sa laisse. Elle travaille de long en large mais au bout d’un long quart d’heure nous commençons à perdre espoir au vu de la maigreur des indices relevés. Soudain : un aboiement, deux, trois....ça mène dans le petit bois à 100m sur notre gauche....et ça revient vers nous ! Bruit de branches cassées et de roseaux froissés....et tout va très vite: je sors ma dague, Andrzej remet une balle dans la chambre...nous nous approchons de l’endroit probable de sortie....et ça sort....à 15m...plein travers...plusieurs secondes qui paraissent une éternité...qu’est-ce qu’il fout???? .... pan ! ....roulé boulé......Il avait du mal à bien l’avoir dans la lunette...ce foutu x6 ! Les chiens sautent dessus et ça gigote encore mais cette fois ci est la bonne. Andrzej est un grand tireur et la balle était plein coffre! Mon pouls reste accéléré encore quelques minutes puis l’adrénaline laisse place à une grosse vague d’endorphines....je ressens une vive émotion, qui me rappelle celle de ma première bécasse....nous avons la banane...tous les 3 et les 2 chiennes ! Quelle scène de chasse!
C’est un beau mâle de 86 kg vidé, pas encore très armé mais bien constitué.
Bilan : ma première balle lui avait cassé la mâchoire inférieure et a du l’assommer - 30-06 balle lourde - la deuxième a du passer au dessus....ou alors sous le coup de l’émotion j’ai visé autre chose, trop pressé, je ne saurai jamais...piètre nemrod, je m’en veux.... si nous ne l’avions pas retrouvé il aurait sans doute connu une fin atroce et aurait pu être dangereux remisé dans cet état à deux pas du village...les chiens ont fait un travail impeccable, la teckel dans le bois puis la rouge de Bavière dans l’étang : l’a t’elle relancé vers nous à dessein comme on lit dans certaines histoires? On peut y croire, et rêver, l’action est en tout cas magnifique, et gravée à jamais dans nos mémoires, et tout est bien qui fini....très bien! Merci Andrzej, les chiens, leur maître, dame nature, Saint Hubert, la Pologne, et feu mon père pour m’avoir transmis cette passion.
« Mon » deuxième sanglier, et première prise en Pologne après une belle oie prélevée vingt ans plus tôt sur le même territoire. J’ai déjà hâte de revenir.
