Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
- Martes
- Messages : 579
- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 16:16
- Localisation : Londres, Royaume-Uni
- Âge : 47
Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Après la journée de chasse bonus pour mes amis revenus de loin, il nous restait notre visite annuelle a la petite mais magnifique chasse artisanale, faite maison avec de la bonne volonté et de le persévérance, dans les Midlands, avec la centrale thermique en arrière-plan. J’adore ce territoire et ce petit groupe géré et trié sur le volet par mon ami C. Ici, pas de grandes volières anglaises (que nous appelons juste des volières, naturellement), pas de groupes de faisans d’élevage qui déambulent sur les chemins avec l’insouciance d’un poulet, mais du gibier sauvage qui se mérite, et qui est la grâce aux efforts de gestion de C. et de sa petite équipe humaine et canine. C’est aussi la seule fois de l’année ou je passe une nuit avec mes vieux copains au pub, parce qu’il faut monter le soir d’avant, donc c’est l’occasion de passer un bon moment. Malheureusement le Falcon Inn était au complet pour les fêtes de Noel, et son remplacement était moins sympathique, mais correct néanmoins, et avec une soirée Queen en plus (chanteur assez catastrophique mais enthousiaste).
A neuf heures du matin samedi, nous retrouvons C. devant l’église du village : il semblerait qu’il soit resté au même endroit depuis que nous l’avons quitté il y a un an ! Comme il manque de rabatteurs (c’est la saison ou tous ceux qui ont de jeunes enfants sont malades), il a apporté ses cinq chiens comme remplaçants, le seuil de compétence requis ayant été rabaissé pour l’occasion. La région est saturée d’eau et était inondée deux semaines auparavant, au point que l’usage des 4x4 pour se déplacer va être assez restreint parce qu’ils ne seront pas en mesure de se tirer des bourbiers. Effectivement, ça dérape dans tous les sens, mais ça nous fait un petit tour de manège pour commencer la journée.
Nous commençons cette journée de mini-battues en mode commando dans le grand champ sur la pente entre un bois le long de la crête, et la clôture de la central technique en contrebas. Nous prenons place le long du bois, C. et le meute rabattent le bois. Avant que nous ne soyions en place, un coq disparait au loin. Puis un autre coq passe au-dessus de mon voisin de droite qui le salue deux fois sans même lui chatouiller les plumes. Enfin, une poule faisane passe entre moi et G. à gauche. J’épaule mais décide qu’elle est trop loin et trop près de G. Il s’avère qu’il a fait le même raisonnement ! Et c’est tout ce que ce bois trempé cachait, ou du moins tout ce qui a daigné s’envoler, à part une bécasse qui est retournée immédiatement dans le bois.
20191214_104456 by pinemarten, on Flickr
Cliché agro-cynégético-industriel.
Deuxième manœuvre : les autres fusils disparaissent dans les bois de l’autre cote d’un énorme coteau de broussailles et de ronces (ils ont quand même taillé des chemins dedans cette année), et moi je marche derrière C. et des chiens, pour essayer d’intercepter du gibier qui pourrait de dérober vers l’arrière. Cet endroit recèle en général des bécasses. J’entends trois coups de fusils de l’autre cote, mais rien de vient vers moi. Quand les autres reviennent, M. brandit fièrement sa première bécasse ! Un moment de bonheur partage, et c’est l’heure du casse-croute.
20191214_111849 by pinemarten, on Flickr
Petite collation hivernale.
Pendant ce moment convivial, un vent froid commence à se lever. Le temps qu’il soit passe, et le vent se fait vraiment insistant. Nous descendons vers l’étang qui est maintenant flanqué d’un étang supplémentaire et a plus un aspect de lac que les autres années, pour une tentative de battue de canards. Cette année, ils ont vraiment trouvé comment gérer cette manœuvre compliquée. Nous nous postons a 30m en retrait de l’étang a un bout, C., les chiens et deux autres avancent discrètement de l’autre cote pour bouger les canards sans créer de panique. Nous entendons quelques cancanements, mais les canards se déplacent vers l’autre bout du plan d’eau. Cela étant le cas, nous cassons les fusils et détalons vers la droite pour nous reposter pour la deuxième partie de la manœuvre, et là, les canards arrivent ! Mais le vent est maintenant en Rafales, et les chasseurs sont pris Dassault ! Si je n’ai réussi à descendre aucun canard, j’ai quand même vu quelques beaux coups de fusil. En particulier G. à ma droite fait tomber un colvert devant moi qui rebondit pour retomber dix mètres plus loin, c’est dire la vitesse des oiseaux ! La traque est finie, et nous passons un bon moment à récupérer les 11 canards tombés au pré d’honneur, à grand renfort de labrador.
20191214_122612 by pinemarten, on Flickr
Comme dans les westerns, il y en a toujours un qui n'est pas tout a fait mort.
Il nous reste la grande manœuvre des « Bomb Holes » : un bois sur un flanc de colline particulièrement accidenté car parsemé de cratères des bombes créées par un avion allemand qui larguait au pif sa charge en rentrant de Coventry il y a 79 ans de cela. Une première mini manœuvre me permet de rater un tir optimiste sur un ramier stratosphérique, a G. de rater une bécasse, a M. de rater un renard. J’entendais C. dans le bois qui criait « Lièvre ! », « Muntjac ! », « Renard ! », et j’avais une balle dans mon drilling au cas où, mais ils ne passeront pas à mon poste. Nous remontons la pente boueuse pour nous placer en haut du bois, les rabatteurs et les chiens continuent. Je suis en retrait du coin supérieur du bois, devant un autre petit bois, j’espère sur le passage évident des gibiers qui voudraient fuir. Effectivement, une poule décolle grimpe au-dessus des arbres et se dirige vers le bois derrière moi. Pan ! Rien ! PAN ! Elle tombe ! Je n’y croyais plus ! Mais j’ai le seul faisan de la journée dans mon carnier, et j’en suis plus fier que de 50 faisans d’élevage tires en battue. J’ai vu deux autres faisans passer au poste de R., mais…. à pied.
2019-12-16_05-58-14 by pinemarten, on Flickr
Pas de chance quand meme, une seule grenaille de bismuth...
Il reste la passée aux canards alors que le soleil se couche. Les arbres sous lesquels nous nous postons d’habitude sont dans un mètre d’eau glacée. C. agraine un peu tous les jours pour habituer les canards à venir.
20191214_145051 by pinemarten, on Flickr
Photo posée pour montrer la configuration ordinaire du lieu.
A 17h, il fait nuit noire et nous sommes tous transis. Pas un canard n’est passé : clairement le niveau d’eau dans le coin à multiplier les options de diner des canards. Du jamais vu, mais nous sommes contents de rentrer dans de véhicules chauffés, et tout le monde a mis du gibier au tableau. Rendez-vous devant l’église pour exposer le maigre tableau : 11 colverts, une poule faisane, une bécasse, pour 7 fusils et 4 rabatteurs.
2019-12-17_11-56-24 by pinemarten, on Flickr
A peu près un chacun, c’est parfait !
C’est du petit volume, le résultat est incertain, on ne sait jamais ce qui va sortir des bois, et c’est pour ça que j’adore cette chasse. Pourvu que notre invitation soit reconduite de nombreuses fois encore !
A neuf heures du matin samedi, nous retrouvons C. devant l’église du village : il semblerait qu’il soit resté au même endroit depuis que nous l’avons quitté il y a un an ! Comme il manque de rabatteurs (c’est la saison ou tous ceux qui ont de jeunes enfants sont malades), il a apporté ses cinq chiens comme remplaçants, le seuil de compétence requis ayant été rabaissé pour l’occasion. La région est saturée d’eau et était inondée deux semaines auparavant, au point que l’usage des 4x4 pour se déplacer va être assez restreint parce qu’ils ne seront pas en mesure de se tirer des bourbiers. Effectivement, ça dérape dans tous les sens, mais ça nous fait un petit tour de manège pour commencer la journée.
Nous commençons cette journée de mini-battues en mode commando dans le grand champ sur la pente entre un bois le long de la crête, et la clôture de la central technique en contrebas. Nous prenons place le long du bois, C. et le meute rabattent le bois. Avant que nous ne soyions en place, un coq disparait au loin. Puis un autre coq passe au-dessus de mon voisin de droite qui le salue deux fois sans même lui chatouiller les plumes. Enfin, une poule faisane passe entre moi et G. à gauche. J’épaule mais décide qu’elle est trop loin et trop près de G. Il s’avère qu’il a fait le même raisonnement ! Et c’est tout ce que ce bois trempé cachait, ou du moins tout ce qui a daigné s’envoler, à part une bécasse qui est retournée immédiatement dans le bois.
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Cliché agro-cynégético-industriel.
Deuxième manœuvre : les autres fusils disparaissent dans les bois de l’autre cote d’un énorme coteau de broussailles et de ronces (ils ont quand même taillé des chemins dedans cette année), et moi je marche derrière C. et des chiens, pour essayer d’intercepter du gibier qui pourrait de dérober vers l’arrière. Cet endroit recèle en général des bécasses. J’entends trois coups de fusils de l’autre cote, mais rien de vient vers moi. Quand les autres reviennent, M. brandit fièrement sa première bécasse ! Un moment de bonheur partage, et c’est l’heure du casse-croute.
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Petite collation hivernale.
Pendant ce moment convivial, un vent froid commence à se lever. Le temps qu’il soit passe, et le vent se fait vraiment insistant. Nous descendons vers l’étang qui est maintenant flanqué d’un étang supplémentaire et a plus un aspect de lac que les autres années, pour une tentative de battue de canards. Cette année, ils ont vraiment trouvé comment gérer cette manœuvre compliquée. Nous nous postons a 30m en retrait de l’étang a un bout, C., les chiens et deux autres avancent discrètement de l’autre cote pour bouger les canards sans créer de panique. Nous entendons quelques cancanements, mais les canards se déplacent vers l’autre bout du plan d’eau. Cela étant le cas, nous cassons les fusils et détalons vers la droite pour nous reposter pour la deuxième partie de la manœuvre, et là, les canards arrivent ! Mais le vent est maintenant en Rafales, et les chasseurs sont pris Dassault ! Si je n’ai réussi à descendre aucun canard, j’ai quand même vu quelques beaux coups de fusil. En particulier G. à ma droite fait tomber un colvert devant moi qui rebondit pour retomber dix mètres plus loin, c’est dire la vitesse des oiseaux ! La traque est finie, et nous passons un bon moment à récupérer les 11 canards tombés au pré d’honneur, à grand renfort de labrador.
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Comme dans les westerns, il y en a toujours un qui n'est pas tout a fait mort.
Il nous reste la grande manœuvre des « Bomb Holes » : un bois sur un flanc de colline particulièrement accidenté car parsemé de cratères des bombes créées par un avion allemand qui larguait au pif sa charge en rentrant de Coventry il y a 79 ans de cela. Une première mini manœuvre me permet de rater un tir optimiste sur un ramier stratosphérique, a G. de rater une bécasse, a M. de rater un renard. J’entendais C. dans le bois qui criait « Lièvre ! », « Muntjac ! », « Renard ! », et j’avais une balle dans mon drilling au cas où, mais ils ne passeront pas à mon poste. Nous remontons la pente boueuse pour nous placer en haut du bois, les rabatteurs et les chiens continuent. Je suis en retrait du coin supérieur du bois, devant un autre petit bois, j’espère sur le passage évident des gibiers qui voudraient fuir. Effectivement, une poule décolle grimpe au-dessus des arbres et se dirige vers le bois derrière moi. Pan ! Rien ! PAN ! Elle tombe ! Je n’y croyais plus ! Mais j’ai le seul faisan de la journée dans mon carnier, et j’en suis plus fier que de 50 faisans d’élevage tires en battue. J’ai vu deux autres faisans passer au poste de R., mais…. à pied.
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Pas de chance quand meme, une seule grenaille de bismuth...
Il reste la passée aux canards alors que le soleil se couche. Les arbres sous lesquels nous nous postons d’habitude sont dans un mètre d’eau glacée. C. agraine un peu tous les jours pour habituer les canards à venir.
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Photo posée pour montrer la configuration ordinaire du lieu.
A 17h, il fait nuit noire et nous sommes tous transis. Pas un canard n’est passé : clairement le niveau d’eau dans le coin à multiplier les options de diner des canards. Du jamais vu, mais nous sommes contents de rentrer dans de véhicules chauffés, et tout le monde a mis du gibier au tableau. Rendez-vous devant l’église pour exposer le maigre tableau : 11 colverts, une poule faisane, une bécasse, pour 7 fusils et 4 rabatteurs.
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A peu près un chacun, c’est parfait !
C’est du petit volume, le résultat est incertain, on ne sait jamais ce qui va sortir des bois, et c’est pour ça que j’adore cette chasse. Pourvu que notre invitation soit reconduite de nombreuses fois encore !
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Les chasseurs sont pris Dassault... t'es sûr ? Tu veux dire que les canards arrivent en Rafale ?
- Reineke
- Messages : 3259
- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 08:58
- Localisation : Alsace Moselle
- Âge : 76
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Toujours un magnifique voyage dans le réel, mais franchement vous buvez n'importe quoi … … …
La peur et l'angoisse sont les pires poisons que l'esprit peut produire
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Merci pour ce récit très documenté et bravo à ceux qui ont tué du gibier sauvage.
- Martes
- Messages : 579
- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 16:16
- Localisation : Londres, Royaume-Uni
- Âge : 47
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Alors, presque, mais pas tout à fait. La bouteille rose, c'est ma vodka à la framboise, faite avec les framboises de mon jardin que les écureuils épargnent. Je la prépare spécialement et uniquement pour ces occasions. Le framboises, par osmose, sont décolorées et remplies de vodka, ce qui est déconcertant à Noël pour les invités quand on les sert avec de la glace.
Le liquide violet est du "sloe gin", du Gin aromatisé aux prunelles, un grand classique rural britannique. Le "Stag's Breath", par contre, c'est une escroquerie écossaise à base de mauvais whisky pour les gens qui n'aiment pas le whisky...
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
- Martes
- Messages : 579
- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 16:16
- Localisation : Londres, Royaume-Uni
- Âge : 47
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Oui, c'est bien le calembour pourri que j'ai voulu faire, clairement avec maladresse.
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Pas pourri du tout . Il suscite la réflexion !
D’accord sur les boissons
D’accord sur les boissons
- Reineke
- Messages : 3259
- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 08:58
- Localisation : Alsace Moselle
- Âge : 76
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Pour la Vodka Framboise, c'est vrai que tu es un peu Alsacien. Ils arrivent à faire de l'alcool avec toutMartes a écrit : ↑mar. 17 déc. 2019 22:05 Je la prépare spécialement et uniquement pour ces occasions. Le framboises, par osmose, sont décolorées et remplies de vodka, ce qui est déconcertant à Noël pour les invités quand on les sert avec de la glace.
Le liquide violet est du "sloe gin", du Gin aromatisé aux prunelles, un grand classique rural britannique. Le "Stag's Breath", par contre, c'est une escroquerie écossaise à base de mauvais whisky pour les gens qui n'aiment pas le whisky...
Pour le Gin aromatisé aux prunelles, j'ai goûté et je maintiens, c'est pas bon
La peur et l'angoisse sont les pires poisons que l'esprit peut produire
- Martes
- Messages : 579
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- Localisation : Londres, Royaume-Uni
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Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
Celui là était industriel, mais j'attends de voir ce que celui de mon copain W. donne, il doit bientôt être prêt.
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
-
- Messages : 451
- Enregistré le : lun. 27 mars 2017 17:10
Re: Dernière chasse de la saison: un vent a ébecquer les canards.
bravos a vous pour cette magnifique chasse aux petit gibiers . entre potes c est bien sympas moi ce seras samedi