Battues lotoises

Rubrique réservée aux discussions concernant la chasse en battue : organisation, récits...
White hunter
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Re: Battue lotoise

Message par White hunter »

La chasse comme j'aime, je l'ai croisée samedi encore.

Pas trop loin. Bon, deux heures de route, c'est pas juste à côté quand même, mais ça va. Trois heures je ne peux plus en solitaire, je m'endors sur l'autoroute en rentrant, fatigué et content. Mourir content serait certes une belle fin, mais rien ne presse, et je ne voudrais pas emmener trop de monde avec moi.

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Ce ne fut pas complètement parfait non plus, car je n'ai pas tué. Mais de ça, vous avez l'habitude … Pire que tout, je suis rentré avec neuf cartouches !

Et s'il ne faisait pas chaud, je n'ai pas eu froid non plus. Il y avait les quatre degrés réglementaires de plus que chez moi, que j'apprécie tant hors des périodes de canicule ... Il a plu, c'est vrai,, mais juste quelques gouttes. Un temps de battue, quoi.

Jamais trop de marche pour me poster, une piste m'amène toujours au plus près. Mais cinquante ou cent mètres de la voiture, c'est presque un peu juste pour activer un minimum le muscle cardiaque. Il faut donc compter sur les émotions pour ça.

Le casse-croûte est toujours au top, toujours partagé, et qui vaut un 17/20 (j'aime garder des marges de progrès) … Un collègue hier avait apporté un dessert simplement merveilleux, d'une finesse toute lotoise. On est des bourrins, dans les montagnes, je vois souvent. Un bout de lard trempé dans l'huile et arrosé de chantilly industrielle nous conviendrait.

Le résultat fut élevé pour notre territoire. Trois sangliers ! Non, pas trois cents, trois. Les piqueurs ont été au top, des chiens ont été archi bons, et les postés ont été particulièrement partageurs, comme je vais vous le conter.

10:30 Je suis au poste. Bien entendu je n'avais rien compris aux explications du lieu, mais on m'a posé là. Dans une combe, comme c'est le destin des carabines à lunettes et de leur servant. Sylvain m'a posé là et s'est garé au poste au-dessus. Il se déplace en fauteuil roulant et a le privilège de chasser en bagnole. Les chiens donnent, la menée s'approche … et s'éloigne. MERDRE ! Deux tirs distants suivis à quelques minutes de trois autres bien groupés. Dédé a tiré, son petit-fils a tiré, et Laurent a conclu de sa rafale.

Casse-croûte. Au second poste, ce n'est pas une combe mais carrément la vallée du Célé qui me donne mes aisesà gauche et à droite. La draille a servi la veille, vois-je. De là les sons m'arrivent réverbérés par la falaise derrière moi sur la rive gauche, ou par une autre plus bas sur la rive droite. Mais deux plus trois tirs accopagnent les menées, pas loin et j'entends soudain au bon endroit. Ca va être pour … Non, ça s'éloigne. Tirs lointains, et très lointain. J'apprendrai plus tard que c'est Erwan qui achève ce sanglier au ferme. Sylvain l'a touché au groin, Laurent à deux cent mètres environ d'une balle au cuissot. Sans optique je crois.

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Troisième déploiement au bout de kilomètres de piste au sommet d'un plateau. Je savais en gros où c'était sauf que c'était bien plus loin, et qu'au lieu de prendre une piste à gauche, c'était à droite... Etre un idiot géographique, c'est pénible. Je me trouve là où déjà j'ai vu courir un sanglier, ce devait être à plus de 250 mètres. Les chiens donnent de la voix, c'est loin, la pluie s'invite. A la radio Laurent me dit qu'un sanglier est mort mais que je dois faire attention. Ce que je fais et trois minutes plus tard j'entends les chiens … Pas du bon côté ? Je me fais un torticolis gauche-droite plus devant derrière. Et mon œil de vieux lynx fatigué enregistre une bête noire qui traverse le sommet de la colline à près de 150 mètres. Ca se tente !

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Et j'appuie la longuesse sur le bâton de tir. Le 14 ème ou 15 ème coup de feu de la journée est lâché un rien trop devant, la hauteur me semblait bonne. Peut-être aurais-je fait mieux sans bâton, mais depuis que j'ai tué un faon à 180 mètres ainsi... Il faudrait s'entraîner avec cet outil, trouver le meilleur positionnement de l'arme, car la rapidité du pivotement m'a un peu trompé.

Bref, belle journée.
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Reineke
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Re: Battue lotoise

Message par Reineke »

Belle chasse, bons chiens et beau sanglier… … … Bien belle histoire, mais cela nous avons l'habitude !… :D :D :D
La peur et l'angoisse sont les pires poisons que l'esprit peut produire
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michel39
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Re: Battue lotoise

Message par michel39 »

Beau partage comme d'habitude.

Merci WH
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FULIGULE
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Re: Battue lotoise

Message par FULIGULE »

MERCI
On peut s'inquiéter de la place toujours croissante que prend l'intelligence artificielle dans notre vie quotidienne. Mais rassurons-nous, la connerie, elle, sera toujours authentique.
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Thenosh
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Re: Battues lotoises

Message par Thenosh »

Toujours complet...👍
Surveille tes arrières maître goupil.....je pourrai être dans le coin 8-)
White hunter
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Re: Battues lotoises

Message par White hunter »

Vous n'êtes pas sans savoir que le froid s'écoule comme l'eau. Et qu'hors vents contraires, il va s'accumuler dans les zones basses. Enfin, comme ce n'est ainsi que de façon relative, et sur des emprises limitées, on quitte son hameau à 750 m pour aller chasser 500 mètres plus bas en espérant logiquement y trouver quelques degrés de plus. Et j'y ai trouvé un degré de moins ! A 120 km plus à l'ouest et à 250 m d'altitude ! Que fait le gouvernement ?

Moins huit degrés au départ, et moins neuf à l'arrivée. Pas un gilet jaune sur le trajet, même fourré chaudement. Heureusement pour ma part, Odlo et Décathlon m'avaient ensemble équipé de vêture de corps particulièrement bien pensée et efficace. Aux "quatre combelles", ou "quatre combettes", j'hésite encore car les caleçons molletonnés ne soignent pas vraiment l'hypoacousie, je suis au soleil. Un soleil encore à moins quatre degrés, mais sans un souffle d'air et c'est très supportable. La voix des chiens approche, j'ôte les gants pour mieux tirer, mais la menée s'éloigne ... Je suis allé seul à ce poste, et je peux dire, avec des gants, que je franchis un stade. Comme un petit club de la Coupe qui étrille un grand.

Casse croûte où je bouffe férocement, et c'est reparti, pour un poste lointain que j'atteins seul ; c'est comme un Everest car c'est loin. Qu'est-ce que je suis fort, Chef ! Nous ne lançons pas de sanglier malheureusement.

Troisième lâcher et je reviens à la Combe billière, où rappelez vous, j'ai tué onze sangliers d'un coup plus une balle d'achèvement. Je prends le poste tout en bas en plaçant Jacques et Serge. Cette fois je suis le roi, presque chef de ligne, même si le sanglier, un joli mâle, se fait tuer plus loin par Stéphane. Et mon poste, hein … quelle vue ! La marche est impressionnante, un challenge pour Stannah .

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La journée devrait s'achever là, mais d'aucuns - et qui sont ces aucuns - ont envie de tirer un cerf. Ici, cervidés et « nos » courants, ce n'est pas compatible...

Une coupe favorable au cerf, qui pourrait contenir aussi du sanglier et du chevreuil sera attaquée sans chien, en poussée. Dommage. Je suis surprenifié, et presque peiné. Le président m'envoie à un poste où je suis déjà allé, et que je trouve encore, fier comme un Artaban sortant de la cuisse de Jupiter. Sauf que cette fois, je me suis planté d'un petit kilomètre :( . Dans un creux, combe profonde, je n'entendrai pas la féroce fusillade qui fera deux morts. 12 tirs ou plus me dira t'on. Deux sangliers d'une cinquantaine de kilogrammes remboursent les frais d'armurerie.

Je me venge un peu plus tard de mon positionnement foiré en ingurgitant une phénoménale quantité de biltong, de cacahuètes et de pâté ... et deux pastis qui doivent m'amener à 0, 49 g d'alcool. Et aussi du signal de fin de battue qui est juste "nuit noire".
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mismette
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Re: Battues lotoises

Message par mismette »

Magnifiques les gros toutous!
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lutin23
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Re: Battues lotoises

Message par lutin23 »

Toujours un plaisir de te lire.
Merci
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michel39
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Re: Battues lotoises

Message par michel39 »

Belle journée...

Merci du partage WH.
White hunter
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Re: Battues lotoises

Message par White hunter »

Ça ne s'arrange pas

Faut pas rêver, tout ira de mal en pis. Comme j'étais pris le dimanche, à aller déjeuner chez de vieux amis - les jeunes amis sont assez rares- j'ai chassé le samedi. C'était chevreuil. Et chevreuil au plomb. Est-ce l'urgence de profiter de tout ? J'y suis allé, malgré le plomb obligatoire. La balle est presque admise pour les tirs longs... Il y a 20 ans, si c'était plomb obligatoire, je restais à la maison.

8:28, je me gare, je suis le premier. Pas de cordée. A côté des poubelles, je me suis arrêté, comme une allégorie de la fin de tout. Nous somme une quinzaine, il fait moins quatre degrés. J'ai très vite un magnifique poste avec de la place pour tirer, une centaine de degrés, sur cette colline adossée au bois ... J'ai pris mon joli mixte Sauer 7 x 57 R et cal.16. Le Heym faisait la gueule … S'il continue, je le licencie.

Mais c'est un dilemme en soi, ce vieux Sauer & Sohn, car avec la lunette en place, je dois décoller la joue de la crosse, et sans, la bande est floue à mes vieux yeux, et on ne peut tirer loin-loin. Comme chaque fois, je me dis que j'aurais pu m'en occuper, trouver un busc amovible .... Que ce coup-là je vais le faire, car il est beau, ce flingue. Promesse d'ivrogne encore.

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Bang bang … j'apprends qu'Erwan qui accompagne un traqueur équipé de petits Bleus de Gascogne, vient d'occire un second chevreuil. Damned ! Et ce n'est pas un fromage, le Bleu de Gascogne, qu'on verrait bien accompagné d'un Rouge de Bavière, qui n'est pas un vin rouge non plus, et d'un pain cuit au bois, qui est bien de campagne.

Je n'entends pas les chiens, très peu criants, mais un message d'alerte d' Erwan me parvient à la radio. Et soudain une chevrette gicle à 25 mètres de moi. Comme au cinéma … Quand j'essaie de la saisir dans la lunette, je vois le brocard qui suit, très beau, et je change de cible. Que viser est difficile la joue non appuyée ! Mais rien à faire pour expédier le plomb de n°1, le cran de sécurité s'y oppose. Je corrige ça pour envoyer une balle de rien, vers 40 mètres. Je suis mortifié, c'était immanquable. Lorsque la traque stoppe, nous sommes à 4 chevreuils morts.

Sur la seconde traque, je suis dans le vent, très loin de l'action, avec deux comparses, au poste de la moiss-batt. Deux ou trois chevreuils, un renard, y laissent la peau. Stéphane est à trois cartouches et trois pièces à l'heure du déjeuner, Erwan à quatre cartouches et deux pièces.

L'après-midi, aux mangeoires, je ne vois rien, mon voisin laisse passer car c'est trop loin au plomb. Trois chevreuils, je crois.

Dernière traque, toujours silencieuse au plan canin. Trois tirs aux postes devant moi, et soudain un brocard qui arrive de derrière moi au galop. Je le suis aussi bien que possible et, avantage du plomb, je tire malgré quelques baliveaux ; il ralentit et titube, j'envoie la balle, il avance encore de quelques mètres et ses pattes cèdent sous lui. Je recharge, il a la tête levée, je sais qu'elle va tomber doucement...



Mais quand les chiens arrivent, il repart, je ne peux l'ajuster. Erwan qui arrive face à moi quinze minutes après, m'affirme qu'il n'est pas passé en haut, mais les chiens nous font défaut. Il le voit soudain couché à deux mètres de lui, et veut saisir sa dague quand le brocard part … Son fusil est déchargé et il fuit masqué pour moi par des arbres. Il semble qu'il a sauté un grillage à 100 mètres, et nous appelons André et sa Gigi. Celle-ci arrive environ 45 minutes après. Stéphane et Justin l'accompagnent, Gigi relève l'animal, près de Steph qui n'a que sa dague, contrairement à Justin ...

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Et finalement, ils daguent ce joli brocard. Je pense toujors autant de bien du tir au plomb. Je n'aurais pas du prendre du N° 1 en 65 mm, peut-être manquant de souffle. J'ai vu des plombs qui avaient juste traversé la peau.

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Mais je rentre avec la banane, sans savoir si je reviendrai chasser le chevreuil à plomb.
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