Burkina-Faso me voilà !

[Solitaire]

Heureux de te voir de retour après les tumultes de Ouaga.
J'espère que ton prochain numéro est un quotidien

[jeanmomo]

Impatient d'entendre le récit !

(pour l'attentat, on s'inquiétait pas, car on savait que t'étais sur place pour sécuriser les ressortissanteeees )

[Solitaire]

Là, on pourrait commencer à s'impatienter ... qu'as-tu pensé de Pama Centre Sud et de Nazinga

[pirsch]

Arrivé à l'aéroport de Ouagadougou , mon contact promis sur place n'étant pas présent , un remplacant avait été mandaté pour me faciliter le passage aux contrôles des armes , et après le rituel "petit billet" aux officiels assis à leur table - à leur demande, je précise ! - le tampon a été apposé sur l'autorisation d'entrée de la carabine , sans que ma valise qui contient l'arme n'a été ouverte ni la valisette avec les munitions d'ailleurs ! Pour un pays en proie aux attentats et potentiellement la cible de terroristes , cela fait quand même un peu léger , quoique je n'ai pas vraiment la tête d'un poseur de bombes , c'est évident j'admets cela sans peine . . . mais quand même ! !
les formalités abrégées rapidement , le pick-up prévu nous emmena rapidement vers l'hotel "Le grand Calao " pour les 4 prochaines journées afin de nous préparer sereinement aux grandes chaleurs qui nous attendent à Pama , nous en étions à -5° quand nous sommes partis de France et nous nous attendions à +35/40 ° sur place . . . . .
Un petit mot sur l'hotel : formidable , un havre de paix , de sérénité et de verdure à un quart d'heure de l'aéroport ( 5km après le dernier feux tricolore sur la route de ouaga 2000 )le patron (maurice ) impeccable , le service et la cuisine de qualité , la piscine accueillante ,la chambre bien climatisée et très très propre , bref que du bonheur pour ces quelques jours !








2 jours avant notre départ de l'hotel pour la zone de chasse , un barrage de CRS locaux fut arrosé à la kalash , tout au début de la zone de chasse de Pama , avec pour résultat un mort et deux blessés . . . . . c'est le patron de l'hotel qui nous en a parlé , car les infos sur le sujet ne passaient pas trop bien à ce moment là ! ! J'ai téléphoné dans la foulée à notre organisateur (LCP ) et le responsable m'a assuré qu'il n'y avait pas de problèmes . . . . evidemment , il est à des milliers de km du Burkina . . . .comment peut il parler comme cela , alors qu'il n'était pas du tout au courant de l'attentat , en expliquant qu'il s'agissait de "coupeur de routes " qui n'agissaient que la nuit alors que nous allions voyager de jour ! ! C'est évident , les "coupeurs de routes " qui traditionnellement s'attaquaient la nuit aux bus ou aux camions pour les rançonner , changent de méthodes et s'attaquent à présent délibérement aux forces de l'ordre . . . . ben voyons , prends moi pour un c*n . . . . .
Le jour dit , un 4x4 nous emmena à Pama , ce fut long , très long sur une route défoncée et en partie en travaux , mais après presque 7 h et à notre grand soulagement Pama fut atteint sans problèmes autres que la poussière et la chaleur . . . .
Après l'installation dans le bungalow , passage au stand de tir dans la foulée ! la cible est installée à très exactement 83 m , et le premier tir fut 2,5 cm pile sous la croix . . . . c'était cohérent , car j'avais laissé le réglage en France à - 1cm à 50 m en spéculant sur le fait qu'avec la chaleur le tir allait monter . . . . ; et ben non ! ! 3 clics plus haut ( 3x 1/4 de pouce sur ma lunette Leupold Vari XIII ) la balle se trouvait pile dans la croix de la cible ! munitions Norma 416 Rigby Swift-A-Frame de 400 grs et 716 m/s à la Vo . . . ;
On m'a collé un guide ACP prénommé Christian , et le lendemain nous étions en route pour la première mare pour aller controler les traces éventuelles . . . . . . . . le 4x4 stoppa 50m devant la mare , et mon bon karma se confirma lorsque 2 buffles apparurent devant nous !je me voyais déjà tirer un buffle après 1 h de ballade dans la brousse , mais mon guide ne voulait pas que je le tire à la mare . . . . . . . l'éthique ACP mon bon monsieur, l'éthique d'abord voyons ! !





C'est ce qui a fait que les buffles sont partis ,et nous à leur suite en les pistant , et avec le vent très capricieux et tournant régulièrement , nous les avont fait galloper 3 fois quand ils nous ont repérés à l'odorat . . . . . . à 11 h il fallait abandonner, j'étais extenué !
La suite nous apprendra et me confirma que quand st Hubert nous offre une occasion en or, il s'agit de ne pas la gacher et de mordre dedans à pleines dents . . . . . quand on méprise st Hubert , il nous le fait payer chèrement comme nous allons le voir plus loin dans le récit !
L'après midi , balade en 4x4 et première panne de voiture , mais heureusement le chauffeur s'est bien demerdé et nous sommes repartis , mais sans voir d'animaux . . . . .
le lendemain , deuxième jour avec Christian , nous repérons des traces d'un petit groupe de buffles et les remontons pendant 2 heures , jusqu'au contact visuel à 30 m , mais hélas pas de mâle dans le groupe et décrochons ! L'après midi , nous maraudons jusqu'à 16h30 , et le 4x4 s'arrête en panne . . . . le tuyaux d'arrivée de l'essence était percé , le reservoir vide , la pompe désamorcée et nous étions à vol d'oiseau à une dizaine de km du camp . . . . . le téléphone portable ne passe pas , nous étions dans une zone d'ombre et le téléphone satellite perso de Christian sonne et sonne et personne ne décroche au camp . . . . . la loi de Murphy ( la loi de l'emmerdement maximum ) s'applique à fond en Afrique aussi , hélas !







Peu à peu la nuit tombe , et mon mauvais caractère reprends le dessus et je décide de partir à pied pour le camp avec ma carabine et ma femme . Christian essaie de me faire changer d'avis , mais ma décision est prise !Un jeune pisteur me suit et porte ma carabine, Christian nous accompagne et ma sylvia marche devant dans la nuit totale . Les autres restent près de la voiture et attendent . Au bout de 3/4 km de marche , le portable du jeune capte à nouveau un réseau et il arrive à téléphoner à son oncle qui va contacter le camp de chasse pour qu'ils nous envoient une voiture , car au camp personne ne décroche . . . . . finalement une demi-heure après le camp a lui aussi été contacté et les préparatifs sont en cours pour envoyer un 4x4 avec de l'essence et une barre de remorquage . Nous serons recueillis et emmenés au camp dans la nuit et le véhicule dépanné un peu plus tard . . . . ;


le 3° jour , le véhicule réparé nous avons changé de guide et c'est hassan qui dirige notre équipe . . . . nous maraudons et repérons des traces sur la piste et en colonne nous remontons les buffles , nous arrivons au contact et ne trouvons pas de mâle dans le groupe , nous insistons et suivons derrière jusqu'à ce que le trouoeau de 25 bêtes s'arrête dans un brulé et nous pouvons les jauger à 100 m et hélàs , que des femelles et jeunes et quelques ados prometteurs , mais pas de mâle tirable ! Nous décrochons et en revenant vers le véhicule, nous tombons quasiment nez à nez avec 5 buffles couchés à l'ombre d'un arbre . Pas moyen de voir s'il y a un mâle dans le groupe , et nous approchons à une vingtaine de mètres en spéculant sur la taille des cornes , et au bout d'une heure , le guide prends son sifflet et souffle dedans , mais un seul buffle se lève , c'est un jeune mâle , immense à cette distance , mais pas tirable . . . . . peu à peu le groupe se lève , regarde à droite et à gauche et démarre d'un coup , le vent ayant tourné momentanément ! Confirmation : pas de mâle tirable dans le groupe de 6 et nous repartons en arrière .






Le 4° jour , nous partons avec le repas de midi pour pouvoir rester sur la zone un peu plus longtemps et en cours d'après midi , nous essuyons un orage , la pluie à cette époque se nomme “ la pluie des mangues “ , mais ce fut plutot une tempête de pluie rasante qui nous a complètement trempé , heureusement que nous avions 2 nattes avec nous pour les opposer au vent et à la pluie ! Nous sommes rentrés cahin-caha , en louvoyant entre les zones inondées et en espérant qu'avec la pluie, les animaux allaient circuler un peu plus le lendemain , car cette journée fut vraiment vide de tout ! !


5° jour , nous repartons vers la zone pleins d'éspérances , mais ce fut pour nous embourber 3 fois dans les chemins encore gras de pluie et de boue , j'ai constaté que le crabot ne fonctionnait pas et n'enclenchait pas les roue avant 1 fois sur 2 , et on le constatait seulement dès qu'on n'avançait plus dans les chemins boueux . . . . . en plus de cela le moteur est tombé en panne 4 fois dans la journée , mais heureusement le chauffeur a réparé et nous avons eu la veine de pouvoir rentrer au camp !








Inutile de dire que lorsque nous sommes arrivés , j'ai poussé un coup de gueule mémorable qui a laissé toute l'équipe médusée , car ils ne pensanient pas que le gentil chasseur pouvait crier aussi fort , bien que évidemment ce ne soit pas de leur faute à eux . . . . . . en gros => mise en demeure : si on ne change pas le véhicule , je ne pars pas le lendemain et arrête là mon séjour ! Le chef de camp et le responsble de la chasse ont compris le message clairement bien qu'ils aient été à l'autre bout du lodge . . . . . . . . c'est que c'est pas commode un Alsaco qui pête les plombs ! !


Le lendemain , nous avons touché un autre vehicule , et la journée s'est passé relativement confortablement , les amortisseurs sont en meilleurs état , la portière ne s'ouvre plus intempestivement , le couinement des freins est aténué et la direction a moins de jeu , ce qui rends la conduite plus souple , et se passe à toujours à rechercher un mâle dans les petits troupeaux que nous remontions pendant la matinée , mais sans résultat ! L'après midi , nous maraudons dans la chaleur et les taons qui nous piquent cruellement et en rentrant vers le camp , nous apercevons un buffle solitaire à 200 m , nous sautons du véhicule et remontons sur une centaine de mêtres , j'arrive à le mettre dans la croix de la lunette , positionne bien sur l'épaule et attends le feu vert . . . . . . . mais Hassan juge que c'est trop tard car la nuit tombe déjà et cela risque de passer en corrida si le tir n'est pas mortel sur place ! C'est effectivement la bonne décision et je m'incline à contre-coeur , d'ailleurs 10 mn après la nuit est tombée presque complètement .



Le soir , décision est prise de rester sur place et de ne pas aller sur Nazinga pour les antilopes , car le buffle n'est pas encore tué et je ne veux pas risquer de perdre une journée de transfert alors que je peux encore rester et chasser à Pama ! Tous le monde est OK sur cela , chef de camp et responsable de la chasse compris .


Le lendemain , réveil pareil que les autres jours à 4h30 , petit déjeuner et départ à 5h 30 sur la zone , nous tournons autour de la zone ou le buffle a été aperçu , mais pas de traces de lui , il n'a coupé la piste nulle part , et selon moi c'est un malin et il a été vu et sera invisible pendant quelques jours . . . . . . . Nous repartons vers la mare ou mes deux buffles ont été vus la première journée , nous nous arrêtons à la même place que l'autre fois , et là le vehicule tombe en panne . . . . . . . je me maitrise et prends cela du coté fataliste . . . . toute l'équipe descends , le chauffeur ouvre le capot , je prends une photo , toute l'equipe est autour du moteur , je ferme les yeux et je me prends à rêver , je me dis que ce serait quand même drôle qu'à ce moment précis des buffles profiteraient de ce moment de perdition pour venir nous narguer . . . . . j'ouvre les yeux et à ma stupéfaction , je vois deux buffles face à nous de l'autre coté de la mare à 100 m !!!




je baffouille : “ 2 buffles devant nous “ et je descends du 4x4 toujours en panne , Hassan me regarde et pense que c'est une blague , il regarde dans la direction que je lui montre et finit par en croire ses yeux , les buffles n'ont pas bougés , ils nous scrutent sans bouger d'un poil ! Hassan installe le tripode , et je dirige le canon de ma carabine sur le buffle de droite , bien noir , qui me semble plus gros de trophée que celui de gauche qui est rouge de pelage . Hassan me dit que c'est le rouge qu'il faut tirer , je pose le réticule de la lunette sur le poitrail du rouge quasi de face et le coup part direct . . . . . . le buffle saute en l'air et en titubant se retourne et fait une vingtaine de mètres avant de s'écrouler ! Son compère le bourre de coups de cornes pour le relever et ne se décide pas à s'en aller , je pourrais faire le doublé sans problème , il le bourre encore de coups , puis Hassan se mets à crier et le buffle à contre coeur s'en va en se retournant quelques fois , comme à regret de laisser son pote sur place !





Quel hasard quand même : à l'endroit même ou en début de séjour il y avait deux autres buffles , il a fallut 7 jours et une panne de voiture de plus pour nous obliger à nous arrêter pile au même endroit pour que deux buffles aient le temps d'apparaitre et que je puisse tuer l'un des deux ! !Il est certain que ce n'est pas le plus grand des trophées de buffle , mais après 7 jours de peine et de courses sans fin dans la chaleur la poussière , les moustiques et les taons , les dieux de la chasse m'ont offert une dernière chance d'arriver au but que je me suis fixé . . . . . . c'est le troisième buffle rouge de savane que je tire dans 3 pays différents : Caméroun , Bénin et maintenant le Burkina-faso . . . . . . . . . ; c'est extraordinaire , ce n'est pas le plus beau, ni le plus grand mais c 'est celui qui a la plus belle histoire ! !





je tirais encore un Koba et un cob des roseaux le dernier jour , mais ceci est une autre histoire ! !





Le retour fut éprouvant dans un pick up sans clim , je suis retourné à l'hotel pour nous rafraichir dans la piscine et pour manger un morceaux avant de prendre l'avion le soir pour le retour en France . Le lendemain un attentat eu lieu à Ouagadougou , et je me disais bien à l'aéroport que les contrôles et les fouilles au corps de dernière minute doivent cacher quelque chose . . . . . . .
Comme écris plus haut , nous avons mis trois jours pour rentrer chez nous en Espagne à travers une autoroute semée de camions en panne ou accidentés suite aux chutes de neige . . .

Conclusions : zone de pama un peu petite ( 50 000ha ) des véhicules qui ont mon age et sont en fin de course , des buffles un peu trop chassés qui ont desertés les troupeaux et vivent en solitaires ou en duo très prudents , pas de spécimens extraordinaires , beaucoups d'autres animaux seulement visible quand vous arrêtez de courir après les buffles et changez de stratégie de chasse et marchez un peu plus dans les fonds et les bakos , et là vous trouvez de beaux phacos, des cobs de Buffon , des defassa en nombre , des cob des roseaux et surtout des éléphants , des babouins non chassables , des kalaos etc etc .

[Shaka]

Merci pour le récit, et félicitation ....

[meilh37]

Un très très beau récit,un grand plaisir a te lire

[Janus]

Merci pour le récit et les photos.

[Dédé 13]

Récit captivant, malgré toutes ces péripéties tu ne t'en sors pas trop mal au niveau du prélèvement.

[Reineke]

Et bien, un buffle mécaniquement bien mérité, bravo pour ta ténacité
Effectivement ce n'est pas forcément la taille des cornes (bois) qui laisse les meilleurs souvenirs...

[jeanmomo]

Un grand grand merci à toi pour ce récit .

J'ai reconnu le buffle qui était le mien, c'était le même que dans mes rêves, mais bon, je te le laisse.