Sangliers !
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Sangliers !
On ne peut jurer de rien, et réciproquement. Trop fainéant ou cynique pour me lever à trois heures du matin et rejoindre le sud, mais ayant envie de profiter de la douceur annoncée, je me suis arraché à six heures, pour juste 50 kilomètres. Un chevreuil ferait éventuellement l'affaire ... car les sangliers, sur ma montagne, c'est fort rare. Et puis, c'est tout des batraciens, hein ...
le territoire chassé ce jour
Nous étions environ dix chasseurs. Bien sûr, j'ai eu un mal fou à suivre ces salauds de jeunes, mais Gilles m'a tenu compagnie. Un (presque) jeune qui aime les vieux … Je n'avais même pas pris de bâton de marche, me limitant drastiquement à deux couteaux, un téléphone, un agenda, un casque réducto-amplificateur, une radio couplée à icelui, et des jumelles (deux, donc). Et une veste, de l'eau, un pain au chocolat, un appareil photo. Presque nu je me sentais.
Notre zone de chasse est un flanc de montagne et la battue marchante peut s'étendre sur 5 km, ce qui en fait un exercice physique conséquent. Et aussi un ballet réglé à la radio quand nous nous déplaçons. On voit quelques altitudes sur l'image. Genêts, petits bois, ruisseaux profonds, grands rochers constituent un paysage pentu agrémenté aujourd'hui d'une météo très douce. Cette fois la battue s'étalera sur deux kilomètres.
En crachant quelques bouts de poumon je prends le poste le moins lointain au bout d'un bon kilomètre de grimpette. Mais ce chargeur qui déconne … Heureusement, j'ai pris les deux ... et je ferraille avant de me rendre compte qu'une 6.5 x 57 R s'est acoquinée avec mes 308. Je la punis au fond de ma poche, et l'ordre revient. Tout est sérénité.
[/i]vue de mon poste
Des grands cervidés passent, à ma droite, d'autres longent le flanc de la montagne, dérangés par les piqueurs ; je fais quelques images. Il semble qu'il y ait une biche avec deux faons très développés. Des bichettes, en fait.
Biche meneuse non présente sur l'image
Et soudain, mes yeux s'ouvrent grand comme des soucoupes. Des sangliers ! Deux grosses boules noires, suivies de plus petites … Qui ont décampé devant Jean-Pierre qui rabat. Un bon 100 mètres de moi. Mon premier tir n'est pas une merveille du genre, mon second, sous l'effet bénéfique de l'adrénaline, semble une quintessence de finesse dans le suivi de la cible et le lâcher de la balle ... Mais semble seulement, car rien ne reste sur place. Jean-Pierre a tiré, et Gilles aussi dont la SA juste sortie de la boîte s'enraye dès la première cartouche. Quand la mécanique remplace l'armurerie … Deux petits sangliers ont tourné vers le bas, abandonnant la meneuse, apprends-je à la radio.
Radio me permet d'imaginer mieux la cavalcade qui longe les postes à flanc de montagne, hors de ma vue, mais pas de mes oreilles. Trois au tapis après un bon peu de tirs. Les chiens sont remis remis à l'ouvrage et relancent des bêtes qui se sont rembuchées. Deux autres sangliers perdent ainsi la vie une ou deux heures plus tard.
Certains ne veulent pas sortir, et resteront au chaud … Un chevreuil sort du bois, j'avance pour le photographier. Et je m'aperçois à cet instant qu'au bout du fil du casque, de radio il n'y a plus. Mortecouille ! Je pose la carabine sur des genêts (point de repère) et pars à sa recherche. C'est plus d'une journée de retraite, merdre ! Pas moyen de la trouver, car c'est un malencontreux silence radio. Un petit chien donne de la voix. Vite à la carabine ! Mais point de repère ! Elle a glissé, et je la retrouve au bout d'un petit quart d'heure de grande solitude. Et la radio au bout d'un autre quand des chasseurs échangent sur les ondes. J'aurais eu l'air coquin avec un petit sanglier passant à 20 mètres, et moi les mains vides …
Grand jour pour Alex, qui vient de tuer ses deux premiers sangliers, et qui correspondent parfaitement aux consignes. On le charrie à cause des quatre balles tirées ...
Alex ...
Le soir, j'apprends incidemment que Jean-Pierre a ramené un sixième sanglier qui quelque part, me fait du bien. Il n'était pas convaincu des loupés du départ. Et ces sangliers qui n'avaient pas suivi la bête de tête ... Il a dû aller faire un tour avec son labrador. Notons que nous avons tué des sangliers qui n'avaient pas mangé de maïs.
le territoire chassé ce jour
Nous étions environ dix chasseurs. Bien sûr, j'ai eu un mal fou à suivre ces salauds de jeunes, mais Gilles m'a tenu compagnie. Un (presque) jeune qui aime les vieux … Je n'avais même pas pris de bâton de marche, me limitant drastiquement à deux couteaux, un téléphone, un agenda, un casque réducto-amplificateur, une radio couplée à icelui, et des jumelles (deux, donc). Et une veste, de l'eau, un pain au chocolat, un appareil photo. Presque nu je me sentais.
Notre zone de chasse est un flanc de montagne et la battue marchante peut s'étendre sur 5 km, ce qui en fait un exercice physique conséquent. Et aussi un ballet réglé à la radio quand nous nous déplaçons. On voit quelques altitudes sur l'image. Genêts, petits bois, ruisseaux profonds, grands rochers constituent un paysage pentu agrémenté aujourd'hui d'une météo très douce. Cette fois la battue s'étalera sur deux kilomètres.
En crachant quelques bouts de poumon je prends le poste le moins lointain au bout d'un bon kilomètre de grimpette. Mais ce chargeur qui déconne … Heureusement, j'ai pris les deux ... et je ferraille avant de me rendre compte qu'une 6.5 x 57 R s'est acoquinée avec mes 308. Je la punis au fond de ma poche, et l'ordre revient. Tout est sérénité.
[/i]vue de mon poste
Des grands cervidés passent, à ma droite, d'autres longent le flanc de la montagne, dérangés par les piqueurs ; je fais quelques images. Il semble qu'il y ait une biche avec deux faons très développés. Des bichettes, en fait.
Biche meneuse non présente sur l'image
Et soudain, mes yeux s'ouvrent grand comme des soucoupes. Des sangliers ! Deux grosses boules noires, suivies de plus petites … Qui ont décampé devant Jean-Pierre qui rabat. Un bon 100 mètres de moi. Mon premier tir n'est pas une merveille du genre, mon second, sous l'effet bénéfique de l'adrénaline, semble une quintessence de finesse dans le suivi de la cible et le lâcher de la balle ... Mais semble seulement, car rien ne reste sur place. Jean-Pierre a tiré, et Gilles aussi dont la SA juste sortie de la boîte s'enraye dès la première cartouche. Quand la mécanique remplace l'armurerie … Deux petits sangliers ont tourné vers le bas, abandonnant la meneuse, apprends-je à la radio.
Radio me permet d'imaginer mieux la cavalcade qui longe les postes à flanc de montagne, hors de ma vue, mais pas de mes oreilles. Trois au tapis après un bon peu de tirs. Les chiens sont remis remis à l'ouvrage et relancent des bêtes qui se sont rembuchées. Deux autres sangliers perdent ainsi la vie une ou deux heures plus tard.
Certains ne veulent pas sortir, et resteront au chaud … Un chevreuil sort du bois, j'avance pour le photographier. Et je m'aperçois à cet instant qu'au bout du fil du casque, de radio il n'y a plus. Mortecouille ! Je pose la carabine sur des genêts (point de repère) et pars à sa recherche. C'est plus d'une journée de retraite, merdre ! Pas moyen de la trouver, car c'est un malencontreux silence radio. Un petit chien donne de la voix. Vite à la carabine ! Mais point de repère ! Elle a glissé, et je la retrouve au bout d'un petit quart d'heure de grande solitude. Et la radio au bout d'un autre quand des chasseurs échangent sur les ondes. J'aurais eu l'air coquin avec un petit sanglier passant à 20 mètres, et moi les mains vides …
Grand jour pour Alex, qui vient de tuer ses deux premiers sangliers, et qui correspondent parfaitement aux consignes. On le charrie à cause des quatre balles tirées ...
Alex ...
Le soir, j'apprends incidemment que Jean-Pierre a ramené un sixième sanglier qui quelque part, me fait du bien. Il n'était pas convaincu des loupés du départ. Et ces sangliers qui n'avaient pas suivi la bête de tête ... Il a dû aller faire un tour avec son labrador. Notons que nous avons tué des sangliers qui n'avaient pas mangé de maïs.
- Reineke
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- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 08:58
- Localisation : Alsace Moselle
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Re: Sangliers !
Sur la photo des cervidés, il semblerait qu'il y ait un faon, une bichette, et un daguet qui devrait (pourrait) être tiré
Une belle réussite sur les suidés, bravo…
Une belle réussite sur les suidés, bravo…
La peur et l'angoisse sont les pires poisons que l'esprit peut produire
Re: Sangliers !
Belle chasse, beau récit, comme d'hab.
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Re: Sangliers !
super meme devant mon écran je suis un peut a la chasse avec tes récits
Re: Sangliers !
Superbe WH... Et bravo pour cette belle chasse et ton récit.
Re: Sangliers !
Il y a bien un daguet !
Merci l'ami pour ce récit. Pour ma part ouverture aujourd'hui, sanglier levé et loupé par mes amis, moi je ramassais des noix !!! un lièvre qui finira en civet dans la cocotte staub de mon pote, un excellent repas arrosé d'un crozes hermitage ramené de lyon cette semaine et un arrêt de chasse vers 15h30, compte tenu de la chaleur ou nos bons 4 pattes nous supplient à un repos mérité et à une grande gamelle d'eau !
Merci l'ami pour ce récit. Pour ma part ouverture aujourd'hui, sanglier levé et loupé par mes amis, moi je ramassais des noix !!! un lièvre qui finira en civet dans la cocotte staub de mon pote, un excellent repas arrosé d'un crozes hermitage ramené de lyon cette semaine et un arrêt de chasse vers 15h30, compte tenu de la chaleur ou nos bons 4 pattes nous supplient à un repos mérité et à une grande gamelle d'eau !
On peut s'inquiéter de la place toujours croissante que prend l'intelligence artificielle dans notre vie quotidienne. Mais rassurons-nous, la connerie, elle, sera toujours authentique.
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Re: Sangliers !
Epilogue : le sixième sanglier ramené par Jean-Pierre était mort de la balle de cœur texane expédiée par lui-même : touché de cul la balle a percé foie et cœur, a cassé deux côtes et s'est arrêtée devant l'épaule. Une Brenneke de cal.12 tirée, à 40 mètres environ.
Animal tombé au tir -on le comprend-, que les piqueurs, passant tout près n'ont pas vu, et les chiens pas senti ! Jean-Pierre est repassé avec son labrador l'après-midi car il avait un doute, en raison des deux qui ont infléchi leur course et de l'impression qu'il avait eu de toucher ... Mais cet animal est tué dès le départ et n'est pas de ces deux fuyards sans doute simplement manqués, qui ont paniqué ou n'ont pas réussi à suivre la meneuse.
Mes deux cartouches étaient probablement à base de plomb de contrebande et de laiton foireux. Je ne vois pas d'autre explication...
Animal tombé au tir -on le comprend-, que les piqueurs, passant tout près n'ont pas vu, et les chiens pas senti ! Jean-Pierre est repassé avec son labrador l'après-midi car il avait un doute, en raison des deux qui ont infléchi leur course et de l'impression qu'il avait eu de toucher ... Mais cet animal est tué dès le départ et n'est pas de ces deux fuyards sans doute simplement manqués, qui ont paniqué ou n'ont pas réussi à suivre la meneuse.
Mes deux cartouches étaient probablement à base de plomb de contrebande et de laiton foireux. Je ne vois pas d'autre explication...
Re: Sangliers !
Merci pour le récit
Re: Sangliers !
Merci WH, toujours aussi beau chez toi !
Marcher le long des haies et voir ce qu'il s'y trouve....