La houlotte au Sénégal

Rêvons de chasses au long cours. Partageons expériences, récits, conseils et techniques de chasse d'Afrique ou d'ailleurs.
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houlotte51
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La houlotte au Sénégal

Message par houlotte51 »

Petit reportage.
Comme l'an dernier, je suis allé chasser 6 jours sur la Zone d'Intérêt Cynégétique de la Falémé.
Pour vous situer un peu l'endroit, c'est une zone de plus d'un million d'ha toute proche des frontières du Mali et de la Guinée à l'extrême sud-est du Sénégal. Seulement 4 ou 5 minuscules villages se trouvent à l'intérieur. 4 ou 5 pistes "entretenues" par les chasseurs permettent de rentrer à 20/25km à l'intérieur. Le trou du c.l du monde. Une partie de la zone n’est pas chassée. Question de sécurité à cause de nombreux orpailleurs illégaux qui n’apprécient pas les visiteurs.
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La première ville s’appelle Kedougou, où se trouve le camp de chasse. Départ 4h du matin. 1h45 de route défoncée suivi de 15mn de piste très roulante (la meilleure partie du parcours) et 20/25km de piste avec alternance de roche, de sable et de latérite granuleuse. Quelques traversées de ruisseaux profonds mais à sec avant de sortir la carabine. Un petit feu pour se réchauffer avant le lever du jour et c’est parti pour 4h de chasse.ImageImage
Avant cela, de ma maison proche de l'aéroport à Kedougou c’est 700km de bonnes routes mais avec une densité affolante de camions maliens et de bus hors d'âge dont certains plafonnent à 40km/h et ce jusque Tambacounda soit plus de la moitié du parcours.
Tout cela pour dire qu'il faut être très motivé avant de se lancer, d'autant que les camps ne sont pas étoilés.
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3 ou 4 camps peuvent chasser sur la zone mais le plan de chasse est commun. 1 buffle, 5 ou 6 kobas et à peu près autant de Guibs harnachés. Céphalophes autorisés aussi. Pas de buffle tué depuis 3 saisons. Il n'en reste que dans le parc national du Niokolo Koba. Parfois un mâle éjecté d’un troupeau part à l'aventure mais le parc est à quelque dizaines de km.

Les kobas sont rares et il ne s'en tue que 2, 3, ou 4 par an. Les guibs se rencontrent parfois mais il ne doit pas s'en tuer beaucoup, 5 ou 6 au plus. Les phacochères sont bien présents mais en densité faible. Tir des mâles seulement bien sûr. Il y a aussi beaucoup de cynocéphales et quelques hyènes protégés. J’ai eu l’occasion d’en voir une énorme l’an dernier. Impressionnant.

Tous les jours on rencontrera des traces fraîches de kobas, quelques traces de guib(curieuses car ils marchent en faisant des pointes comme une danseuse) et des phacochères assez régulièrement.
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C’est une chasse d’approche lente. La végétation limite la vision à moins de 100m et souvent moins. Le vent n’arrête pas de tourner et rend les approches difficiles.

Jours 1 à 4 : deux occasions manquées sur des phacos mâles plutôt bons. Les pisteurs ne nous font pas assez confiance et veulent trop approcher.

Jour 5 : je suis bien décidé à tirer même un trophée moyen. Départ au jour et 20mn plus tard, une compagnie dans des pailles s’apprête à croiser notre route à 25m. Je vois les dos et repère un mâle. Mon pisteur me souffle « Ouah ! le dernier, le dernier...gros gros » Celui que je vois dans l’objectif de ma lunette est tirable pour une fin de séjour mais pas vraiment ce que je cherchais. Il se dégage un peu et je le vois lever la tête pour humer le vent. C’est souvent le signe de la débandade. Il est bien dans la croix et donc j’appuie. Il tombe sur place. Je regarde mes pisteurs qui font grise mine. « C’est pas le grand, c’est l’autre qu’il fallait tirer . Il était grand comme ça ». Le double apparemment. M…. quand ça veut pas… J’en avais vu 4 ou 5 alors qu’il y en avait 7.
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Le reste de la matinée m’aurait permis d’en faire deux autres mais de taille identique donc pas tirés.

Un coup de chapeau à mes pisteurs. Habituellement je découvre autant d’animaux qu’eux mais cette semaine ce n’est jamais arrivé. J’avais deux extra terrestres. Ils voient des animaux immobiles alors qu’il me faut 1 ou 2mn pour découvrir ce qu’ils regardent.

Jour 6 : Toujours des phacos pas assez grands, des traces de kobas, pistage infructueux comme les jours précédents. Ils ne s’arrêtent que lorsque la chaleur les pousse à rechercher l’ombre et que nous rentrons tant la chaleur devient insupportable, 38/42°.
Retour vers la voiture. Il nous reste 1,5km environ. Je suis las, je marche comme un automate, séjour pourri, quand mon pisteur s’arrête. Je regarde dans la direction où son regard porte. Je cherche un phaco. Je ne le trouve pas. J’aperçois un bout de queue qui s’agite derrière un arbre. La végétation cache tout, je ne vois pas. Je lève doucement la carabine et là je découvre dans la lunette une tête d’antilope. Bien plus haut que je ne cherchais. Je distingue maintenant le corps. Mon deuxième pisteur me souffle dans l’oreille «femelle ». M…
Soudain, devant nous à 40m, le mâle tout de suite reconnaissable à sa robe plus contrastée surgit d’un buisson épais pour aller rejoindre la femelle. Quelque bonds puis un petit espace dégagé me permet d’envoyer une balle de 3/4 arrière. Il fait un énorme bond tout en extension comme un cervidé touché et s’engouffre un peu plus loin dans son buisson.

J’ai toute les peines à retenir mes pisteurs. Je leur explique qu’il faut attendre un peu qu’il se vide au cas où la balle serait mal placée. 5mn et ils ne tiennent plus en place. Ils vont à la rentrée, écartent la végétation et essaient de voir en dessous. Quelques mètres plus loin, ils crient, ils dansent. Ils l’ont repéré, mort à 5 ou 6m sous les branchages. Ils auront du mal à le sortir tant le buisson est épais. Séance photos. L’animal est magnifique, le trophée n’est pas beau et même cassé d’un côté mais c’est tellement le graal sur ce territoire que je suis aux anges. Mon séjour est sauvé, la dernière heure du dernier jour.
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Quelques coups de machettes pour couper une branche pour le portage, quelques autres pour écorcer un arbuste et en tirer de longues lanière très solides pour fixer l’animal à la barre et mes pisteurs portent les 45/50kg de l’animal sur leurs épaules, tellement heureux qu’ils ne sentent pas la fatigue.
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Retour à Kedougou, passage aux Eaux et Forêts où j’aurais droit aux félicitations du chef. C’est le premier de l’année. J’étais le seul chasseur sur ce million d’ha cette semaine.
L’arrivée au camp déchaîne des cris, des sauts, des congratulations. Une forêt de portables immortalisent la scène. Je suis prié de me joindre aux uns et aux autres, chacun veut sa photo avec l’animal et le chasseur. Il va y avoir de la viande à partager, c’est la fête. Pour moi, ce sera un apéro bien frais, et amplement mérité.
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Jeandela
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par Jeandela »

Merci pour le récit. Sympa et apparemment le gibier se mérite !
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Reineke
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par Reineke »

Que c'est sympa de nous faire voyager un peu et de nous faire partager tes émotions, merci.
Quand je pense que ce pays aurait dû me voir naitre ! … Dommage, pour moi…
J'ai une question qui n'a rien à voir avec l'Afrique, mais avec la Montagne de Reims, est-ce que tu y chassais ? … 
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par Lothaire57 »

Il y a des endroits comme ça, où le chasseur se dit qu'il rend service...
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houlotte51
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par houlotte51 »

Oui Reineke je chasse depuis plus de 40 ans en Montagne de Reims et j'y chasse encore 3 mois en hiver et 1 mois en été.
J'ai même un tout petit territoire personnel (25HA) qui se trouve à 1km du village qui m'a vu naître et où j'ai encore une maison pour mes retours en France.
Mon plus gros de cette année en Montagne de Reims:
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Reineke
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par Reineke »

Quelle belle bête ! … Je parle du suidé bien sûr. :lol:
Chez Devarenne ? … Si toute fois le fils a continué la chasse de son père ! … 
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houlotte51
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par houlotte51 »

Non, là c'est une petite chasse au nord de la Montagne. J'ai des amis qui chassent au Chalet mais je ne sais pas qui dirige cette chasse maintenant. Gilbert continue à venir les voir mais ne chasse plus. Ils sont passés par un creux de vague pendant quelques années, surtout pour les cervidés mais les échos disent que cela remonte bien la pente.
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Reineke
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Re: La houlotte au Sénégal

Message par Reineke »

Merci et bonne journée… ;)
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