Il était une fois dans l'Est...
- Martes
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- Enregistré le : jeu. 9 mars 2017 16:16
- Localisation : Londres, Royaume-Uni
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Il était une fois dans l'Est...
Il était une fois une maison au fond de la vallée de Munster ou logeait la grand-mère Martes. A cote coulait la Fecht ou Martes pris sa première truite, ce qui fut le début de l’engrenage. La grand-mère disparut par coïncidence l’année ou le drilling de cette histoire quitta l’usine Simson a Suhl, la maison décrépit et fut démolie. Mais en même temps, on inventa Internet, les forums de chasse peuplés d’amis inconnus (qu’on appellera D.) et AirBNB. Ce qui permis à la famille Martes de retourner en vacances dans la vallée, et a Martes lui-même de passer de la pêche dans la rivière a la chasse dans la montagne.
Premier lundi des vacances, donc comme il se doit mon reveil sonne a 4h30. Bizarrement, le lever est plus facile qu’en semaine pour aller au travail. Je sors a pas feutrés du chalet revetu de mes plus splendides atours d’un vert tres amincissants, je prends mon drilling qui n’a encore jamais tué de grand gibier, pour retrouver D. qui m’attends dehors dans la nuit. Les cloches des deux eglises sonnent (ici, il y a toujours deux eglises…). Nous partons vers le fond de la vallee et montons dans les chemins forestiers entre les sapins et les hetres, jusque vers 1000m d’altitude, sous les alpages (on devrait dire les vosgeages, mais ca n’a pas pris). Nous prenons le plus silencieusement possible place dans un mirador sur pilotis qui surplombe une combe, en esperant que viendront les sangliers. Pendant l’heure qui suit, le soleil commence a se lever, mais les sangliers restent sagement au lit. Il est temps de passer aux choses serieuses et d’aller pirscher.
pinemarten, on Flickr
Le soleil se leve sur les Vosges, a 1000m
Nous suivons un chemin forestier qui grimpe doucement en faisant le tour de la montagne, en jumellant dans les pentes assez raides en haut et en bas. Dans ces bois, on peut croiser cerfs, chevreuils, sangliers et chamois. Aujourd’hui, les cerfs et les chamois sont encore en vacances. Apres une demie-heure, D. repere une chevrette a environ 50m, au-dessus du chemin. Le « Platzbock » n’est pas loin derriere, en rut. Il remplit le cahier de charge pour l’age, mais il est plus loin que la chevrette, je ne veux pas tenter un tir hasardeux, donc nous essayons de ne nous en rapprocher. Il nous repere a moitie, aboie, fait deux ou trois bons, se retourne. Nous grimpons en diagonale, cachés par un petit pli du terrain. Ca marche, on se rapproche, il est a environ 80m. D. appuie ma double-canne contre un pied en biais d’un mirador ce qui fait un appui stable, en pente tout de meme. Je trouve le brocard dans la lunette (la pile du point rouge est morte !), j’essaye de calmer ma respiration. Il aboie encore, fait un pas ou deux en avant, son torse sort du sous-bois…. BLAM ! « Waidmannsheil ! » dit D. avec un grand sourire ! « Waidmannsdank » je repond, emu, surpris, ca s’est passe tellement vite, et il a fallu tellement de coincidences et de chance pour en arriver la. Comme quoi quand le Cosmos et Artemis veulent bien… D. l’a bien vu bouler, nous allons le cherche par le haut de la pente.
pinemarten, on Flickr
C’est un beau brocard alsacien, on lui donne peut etre 5 ans*, des bois fins mais longs, un peu grisonnant sur le museau. On lui donne la derniere bouchee, seance photo, je le vide, et pour la premiere fois, on me donne la brisee a mettre sur mon chapeau. On entend sonner au loin les cloches: 7h. C’est un grand moment. Le premier du sejour.
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La ou ca perd un peu d'impact, c'est quand je rentre triomphant a 9h et qu'on me dit qu'il y a des feuilles collées a mon chapeau.
*Une examination plus minutieuse revelera qu'en fait c'etait le vieux de la montagne, des dents completement usees a plat, probablement 10 ans.
Premier lundi des vacances, donc comme il se doit mon reveil sonne a 4h30. Bizarrement, le lever est plus facile qu’en semaine pour aller au travail. Je sors a pas feutrés du chalet revetu de mes plus splendides atours d’un vert tres amincissants, je prends mon drilling qui n’a encore jamais tué de grand gibier, pour retrouver D. qui m’attends dehors dans la nuit. Les cloches des deux eglises sonnent (ici, il y a toujours deux eglises…). Nous partons vers le fond de la vallee et montons dans les chemins forestiers entre les sapins et les hetres, jusque vers 1000m d’altitude, sous les alpages (on devrait dire les vosgeages, mais ca n’a pas pris). Nous prenons le plus silencieusement possible place dans un mirador sur pilotis qui surplombe une combe, en esperant que viendront les sangliers. Pendant l’heure qui suit, le soleil commence a se lever, mais les sangliers restent sagement au lit. Il est temps de passer aux choses serieuses et d’aller pirscher.
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Le soleil se leve sur les Vosges, a 1000m
Nous suivons un chemin forestier qui grimpe doucement en faisant le tour de la montagne, en jumellant dans les pentes assez raides en haut et en bas. Dans ces bois, on peut croiser cerfs, chevreuils, sangliers et chamois. Aujourd’hui, les cerfs et les chamois sont encore en vacances. Apres une demie-heure, D. repere une chevrette a environ 50m, au-dessus du chemin. Le « Platzbock » n’est pas loin derriere, en rut. Il remplit le cahier de charge pour l’age, mais il est plus loin que la chevrette, je ne veux pas tenter un tir hasardeux, donc nous essayons de ne nous en rapprocher. Il nous repere a moitie, aboie, fait deux ou trois bons, se retourne. Nous grimpons en diagonale, cachés par un petit pli du terrain. Ca marche, on se rapproche, il est a environ 80m. D. appuie ma double-canne contre un pied en biais d’un mirador ce qui fait un appui stable, en pente tout de meme. Je trouve le brocard dans la lunette (la pile du point rouge est morte !), j’essaye de calmer ma respiration. Il aboie encore, fait un pas ou deux en avant, son torse sort du sous-bois…. BLAM ! « Waidmannsheil ! » dit D. avec un grand sourire ! « Waidmannsdank » je repond, emu, surpris, ca s’est passe tellement vite, et il a fallu tellement de coincidences et de chance pour en arriver la. Comme quoi quand le Cosmos et Artemis veulent bien… D. l’a bien vu bouler, nous allons le cherche par le haut de la pente.
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C’est un beau brocard alsacien, on lui donne peut etre 5 ans*, des bois fins mais longs, un peu grisonnant sur le museau. On lui donne la derniere bouchee, seance photo, je le vide, et pour la premiere fois, on me donne la brisee a mettre sur mon chapeau. On entend sonner au loin les cloches: 7h. C’est un grand moment. Le premier du sejour.
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La ou ca perd un peu d'impact, c'est quand je rentre triomphant a 9h et qu'on me dit qu'il y a des feuilles collées a mon chapeau.
*Une examination plus minutieuse revelera qu'en fait c'etait le vieux de la montagne, des dents completement usees a plat, probablement 10 ans.
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
Re: Il était une fois dans l'Est...
félicitation pour ton prélèvement.
Je suis responsable de ce que je dis, pas de ce que tu comprends.
- houlotte51
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- Martes
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Re: Il était une fois dans l'Est...
Merci! La suite demain quand j'aurais le temps, ce n'était que le premier épisode.
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
Re: Il était une fois dans l'Est...
Waidmannsheil !
Le récit sublime l'acte de chasse, dans cette belle vallée qui m'est voisine.
Le récit sublime l'acte de chasse, dans cette belle vallée qui m'est voisine.
Re: Il était une fois dans l'Est...
sympa le récit et BRAVO
Pour s améliorer.. faut s 'entrainer....
- Martes
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Re: Il était une fois dans l'Est...
Cinq jours passèrent durant lesquels le vieux bock s’attendrit au frigo, puis D m’apporta très gentiment un cuissot qui servit entre autres a faire des brochettes pour les 6 ans (SIX ANS !) de Mini-Martes, qui, ayant découvert Astérix, était ravi. Il était temps de retourner sur la montagne.
Un autre matin avant l’aube, un autre mirador juste sous la crête, avec vue sur le bord d’un pâturage et dans les bois. A ce qu’il parait, c’est un lieu affectionné des chamois, qui ne sont pas au menu. Les petits cerfs, brocards et tous les sangliers le sont par contre. Et comme ils le savent, ils ne se présentent pas.
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Attention: passage de chamois fantomes!
Le jour se lève, et il est temps de pirscher le long du chemin qui descend doucement le flanc de la montagne sur un ou deux kilomètres avant d’arriver en haut des alpages. Je ne verrais qu’un écureuil roux, presque noir, ce qui me change de mes vilains écureuils gris londoniens, et j’aurais le plaisir de manger une poignée de framboises sauvages pour le petit déjeuner, ce qui est royal. Je retrouve D en bas qui s’est retrouve nez-a-museau avec une biche et son faon, mais c’est tout. Ce n’est que partie remise. Nous reviendrons le lendemain.
pinemarten, on Flickr
Petit-déjeuner du chasseur.
Un troisième mirador dans le noir. Il y a un silence absolument total. Le seul bruit, après un quart d’heure d’attente, est une rumeur qui remonte du fond de la vallée : une averse qui tambourine doucement sur les hêtres et les sapins, comme un ruissellement qui remonte vers moi. Je me disais juste qu’il y avait maintenant juste assez de lumière pour que je puisse identifier un gibier correctement, quand, deux minutes après la fin de l’averse et dix minutes avant qu’on n’entende sonner six fois les cloches dans le lointain… BOOM ! Ça, ça doit être la 7mm Rem Mag de D. Ca résonne plus que mon 7x65R en tous cas, on ne s’y trompe pas. Une demie heure après, le soleil s’est levé, je descends du mirador et D est assis au pied d’un arbre. « Tu fais du sport ? » me demande-t’il. « Je soulève surtout des enfants ces jours-ci ». « Ça ira ». Nous remontons le chemin sur lequel il pirschait et après quelques centaines de mètres, je vois, allongé contre un rocher en granit parfaitement placé pour arrêter sa chute sur la pente, le magnifique cerf qui a fait les frais de la détonation. C’est à moi cette fois-ci de féliciter D !
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Ex-braconnier de foin Munster AOC
Ensuite commence le vrai travail. Je n’ai encore jamais eu à vider et descendre de la montagne une bête aussi grosse (130kg vidé). Nous lui avons passé une corde autour de la tête, elle-même passée dans une poulie sanglée a un hêtre plus haut sur la pente, pour le remonter au-dessus du chemin, et après beaucoup d’efforts, nous avons tout juste réussie a le faire rentrer dans le coffre de la voiture. Ce qui donne à notre équipage un certain coté Redneck au retour. Waidmannsheil encore !
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Schlitte a cerf.
Un autre matin avant l’aube, un autre mirador juste sous la crête, avec vue sur le bord d’un pâturage et dans les bois. A ce qu’il parait, c’est un lieu affectionné des chamois, qui ne sont pas au menu. Les petits cerfs, brocards et tous les sangliers le sont par contre. Et comme ils le savent, ils ne se présentent pas.
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Attention: passage de chamois fantomes!
Le jour se lève, et il est temps de pirscher le long du chemin qui descend doucement le flanc de la montagne sur un ou deux kilomètres avant d’arriver en haut des alpages. Je ne verrais qu’un écureuil roux, presque noir, ce qui me change de mes vilains écureuils gris londoniens, et j’aurais le plaisir de manger une poignée de framboises sauvages pour le petit déjeuner, ce qui est royal. Je retrouve D en bas qui s’est retrouve nez-a-museau avec une biche et son faon, mais c’est tout. Ce n’est que partie remise. Nous reviendrons le lendemain.
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Petit-déjeuner du chasseur.
Un troisième mirador dans le noir. Il y a un silence absolument total. Le seul bruit, après un quart d’heure d’attente, est une rumeur qui remonte du fond de la vallée : une averse qui tambourine doucement sur les hêtres et les sapins, comme un ruissellement qui remonte vers moi. Je me disais juste qu’il y avait maintenant juste assez de lumière pour que je puisse identifier un gibier correctement, quand, deux minutes après la fin de l’averse et dix minutes avant qu’on n’entende sonner six fois les cloches dans le lointain… BOOM ! Ça, ça doit être la 7mm Rem Mag de D. Ca résonne plus que mon 7x65R en tous cas, on ne s’y trompe pas. Une demie heure après, le soleil s’est levé, je descends du mirador et D est assis au pied d’un arbre. « Tu fais du sport ? » me demande-t’il. « Je soulève surtout des enfants ces jours-ci ». « Ça ira ». Nous remontons le chemin sur lequel il pirschait et après quelques centaines de mètres, je vois, allongé contre un rocher en granit parfaitement placé pour arrêter sa chute sur la pente, le magnifique cerf qui a fait les frais de la détonation. C’est à moi cette fois-ci de féliciter D !
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Ex-braconnier de foin Munster AOC
Ensuite commence le vrai travail. Je n’ai encore jamais eu à vider et descendre de la montagne une bête aussi grosse (130kg vidé). Nous lui avons passé une corde autour de la tête, elle-même passée dans une poulie sanglée a un hêtre plus haut sur la pente, pour le remonter au-dessus du chemin, et après beaucoup d’efforts, nous avons tout juste réussie a le faire rentrer dans le coffre de la voiture. Ce qui donne à notre équipage un certain coté Redneck au retour. Waidmannsheil encore !
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Schlitte a cerf.
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain
Re: Il était une fois dans l'Est...
Joli ce cerf !
Le récit est toujours à la hauteur
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- Martes
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Re: Il était une fois dans l'Est...
Merci! Il y a encore un épisode à venir...
Bobo-rose-expat alsaco-lorrain