traitement de la venaison

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White hunter
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traitement de la venaison

Message par White hunter »

Tiré du blog "veille cynégétique 67" de Léon Rapinat, que j'aime lire. Je suis sensible à ce thème, je récupère désormais mes morceaux de sanglier déjà congelés, alors que dans le sud je les ramenais aussitôt et je les bichonnais quelques jours à 3 degrés avant de découper, emballer, congeler, cuisiner.

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Aller aux battues, c'est aussi pouvoir observer les pratiques des uns et des autres quant aux soins apportés à la venaison du grand gibier. S'il y a certainement encore des progrès à faire de ci de là pour réduire le temps qui s'écoule entre la mort de l'animal, le ramassage , l'éviscération, son transport et son stockage à 7°, le point de divergence ou de polémique le plus observé concerne certainement la question du rinçage interne/externe des carcasses.

En règle générale, les chasses les plus organisées avec des tableaux conséquents ont recours à l'eau amenée sur place et mise sous pression à l'aide d'un groupe électrogène. Autrement, c'est à coups de seaux d'eau remplis au bidon ou au container . Dans les deux cas, l'objectif est d'enlever le sang et les souillures externes, soit les milieux de cultures pour les bactéries et les germes, à moindre degré pour descendre rapidement la température de la carcasse.

Mon premier constant, c'est que la pratique du rinçage systématique s'est généralisée à grande vitesse un peu partout, sans forcément trop s'interroger si la pratique est toujours pertinente tant sur un plan sanitaire que de la qualité dégustative de la viande. La pratique est devenue dogmatique selon le principe du copiage du voisin, si tout le monde le fait, je le fais aussi.

il est clair qu'avec la mort de l'animal les parois de l'intestin deviennent perméables et donc un facteur fragilisant pour la qualité et la sécurité sanitaire de la venaison. Ce risque bactériologique de contamination interne est d'autant plus fort que du temps peut s'écouler entre les premiers tirs et le traitement de la carcasse. Il est tout aussi évident que le risque s'accroît selon la qualité du tir (point d'impact, axe d'entrée/sortie de la balle, calibre-expansion du projectile) qui rend en principe impropre la balle d'estomac ou de panse.

Il est clair aussi qu'avec l'ouverture de l'animal, la venaison est exposée à la contamination externe par des germes. Aujourd'hui, ce facteur de risque est toutefois de mieux en mieux pris en compte et sur plus en plus de chasse on trouve maintenant des équipements dédiés à l'éviscération hors sol, avec des outils simples ou sophistiqués allant d'une simple suspente à la potence avec palan.

Reste notre cas du rinçage systématique des carcasses ouvertes. A l'observation on s'aperçoit que le sujet peut être sensible, voire délicat à discuter. Malgré de nombreuses publications sur la "sécurité de la venaison " depuis 2009 et la réglementation du législateur, malgré de nombreuses conférences de spécialistes de la venaison ou d'intervenants d'associations du monde de la chasse, difficile d'avoir des références tranchées. Vous avez les inconditionnels du rinçage s'appuyant sur la pratique des abattoirs, vous avez les vétérinaires, vous avez les grossistes/ateliers de traitement de la venaison, mais aussi les cuisiniers, soit de nombreux avis et positions.

Si on prend la référence du terrain, notamment la battue, il faut dire que le "temps de l'éviscération" est quelque fois plus un moment de tension que de camaraderie, selon le nombre de pièces au tableau et de "petites mains" disponibles. Frénésie, rendement, mécanisation des gestes, recours ou non à une coutellerie dédiée aux différents gestes nécessaires, énervement entre la masse de travail et de soins à apporter à la venaison entre les équipes opérationnelles et la vision des chasseurs déjà installés au chalet ou autour du feu au chaud pour refaire la journée, font que, "le plus vite au mieux" peut prendre le dessus sur la pertinence. Pourtant, une pièce tirée avec une balle de tête a-t-elle besoin d'être traitée comme une autre avec une balle de panse ?

Il est vrai aussi que la notion d'équipe est aussi un élément souvent très présent dans l'organisation des battues. On trouve ainsi les "videurs", les collecteurs de prélèvements et de viscères et "les rinceurs", le tout dans un objectif de présentation réussie du tableau, voire d'acheminement rapide du gibier dans une chambre froide.

Maintenant, si on s'en tient au protocole strictement sanitaire, toute pièce disons pour faire simple, "coffrée", pose problème. A la base, le principe est simple, toute balle de panse ou d'estomac rend le gibier inapproprié à la commercialisation. Rincer la carcasse ne fait qu’accroître le risque de contamination totale, le nettoyage à l'eau ne faisant que disperser sur tout l'animal saletés et matières fécales. Seule possibilité, au couteau, retirer au départ entre la peau sale et la chair propre toutes les parties à risque. Il est vrai que sur un chevreuil, le résultat final peut être pitoyable, mais même s'il ne reste que les gigues, c'est préférable à la présentation d'un chevreuil rincé pour "camoufler" un mauvais impact. Par extension, l'application stricte des règles sanitaires en matière de venaison devrait interpeller beaucoup plus les chasseurs sur la pertinence de l'organisation de nos battues (emplacement/distance des postes au regard des parcelles traquées, type/qualité des chiens utilisés pour broussailler, conduite de la traque).

Pour ma part, je reste guidé par les anciens, par ce que j'ai vu dès mon plus jeune âge. Le principe est simple "ce que je donne ou vend doit être impeccable, en tout cas supérieur à ce que je garderai pour moi-même". Chez Beaumont, la quasi totalité des gibiers ont été commercialisés par Monsieur Engelberger, célèbre marchand de gibier de Colmar après-guerre et jusque vers la fin des années 70. Béret noir sur la tête, il avait l’œil et le toucher, particulièrement pour le petit gibier, pour voir avant et au moment de charger dans sa fourgonnette toute pièce impropre à la vente. Si d'aventure il lui en échappait, le rattrapage se faisait au moment de la facturation ! Pour le grand gibier, pas question de laver une carcasse, à l'exception d'un rinçage éventuel de la cape en cas de présence de boue. Par ailleurs, le chevreuil n'était jamais tiré en battue d'hiver, toujours en tir sélectif dans la plaine ouverte par une petite équipe de spécialistes dirigée par mon père et avec des tireurs dédiés dont j'ai eu le bonheur de faire partie dès mon plus jeune âge, ce qui réglait le problème, à quelques exceptions près, des "mauvaises balles". En cas de souillures de chaire, c'était la découpe au plus large, un passage au chiffon (le sopalin n'existait pas encore) et le cas échéant la non commercialisation.

Laver à grande eau une carcasse souillée est une ineptie. Passer un jet sur une pièce éviscérée dans les règles et propre n'a pas de sens, un chiffon/sopalin suffit à enlever les poils si nécessaire. Nous avons à faire à du gibier en principe vendu ou donné à des connaisseurs et non à des volailles ou des carcasses de porcs ou de bovins à présenter en étal, si possible avec une couleur appétente, donc sans vision de sang (coagulé). Par ailleurs, au regard des quantités de gibiers consommés depuis l'après-guerre et des quantités de viande d'élevage où sont à noter les scandales sanitaires, où sont les intoxications, dans la filière venaison ou agricole ? Apportons déjà tout le soin auquel un gibier tiré a droit, le plus vite possible après son tir et ensuite on peut toujours discuter de la nécessité d'un rinçage ou non de la viande.

Maintenant, si on est vraiment un inconditionnel du lavage, il y a en tout cas une étape à ne pas laisser de côté, la suspension par les pattes hors frigo du gibier, le temps de laisser sécher l'eau du rinçage, ce qui n'est pas sans problème, le cas échéant.


http://www.veillecynegetique67.com/2019 ... pmgwktoCe8
Kaleunt
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Re: traitement de la venaison

Message par Kaleunt »

On a les mêmes lectures WH.
Celle de mon ami Léon.
«Si je rencontrais demain, au coin d'une rue, l'adolescent que j'ai été, je voudrais qu'il n'ait pas à rougir de ce que je suis devenu.»

Hélie de Saint Marc
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Martes
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Re: traitement de la venaison

Message par Martes »

Lors de ma formation Deerstalking Certificate 1, equivalente au Brevet Grand Gibier et qui contient un module justement sur le traitement de la venaison, basé sur les memes normes sanitaires européennes qu'en France (pour l'instant... Apres le Brexit on n'aura plus les memes microbes), on nous a bien rabaché qu'il ne fallait pas rincer la viande sauf cas exceptionnel, justement parce que comme le dit l'article, ca repend les contaminants partout. On essuie au chiffon en papier et on jette entre chaque passage pour ne pas repandre les bacteries avec ledit chiffon. Les parties vraiment sales sont coupées et jetées. C'est quand meme rare de perdre beaucoup de venaison comme ca vu que l'essentiel de la viande est a l'exterieur et que la contamination par les visceres etc est principalement a l'interieur.

Apres c'est vrai que comme on ne chasse pas en battue, on a tendance a avoir des tirs mieux placés. Mais on en amoche toujours un de temps a autre.

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spatz
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Re: traitement de la venaison

Message par spatz »

Le rinçage de la carcasse si nécessaire doit se faire lorsqu'elle est encore chaude( pas facile après une battue) L'éviscération doit être la plus rapide possible après un tir de panse et toutes les parties souillées seront coupées largement. Le trajet de la balle est souillé ainsi qu'une large partie des tissus voisins.
White hunter
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Re: traitement de la venaison

Message par White hunter »

Pour ma part, le traitement de la venaison me passionne surtout du fait que tout ce qui peut gâcher un pouillième de qualité me hérisse.
Les bactéries je m'en contrefous : j'ai eu la peau de beaucoup d'entre elles et si une me flingue un jour je garderai un sacré avantage quant au nombre de victoires.
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La Boule
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Re: traitement de la venaison

Message par La Boule »

Il faut se le dire,le rinçage d'une carcasse à moitié explosée,c'est surtout pour pas jeter de viande,et d'en sauver un maximum.
Les conditions de tir jouent pour beaucoup.....je ne rince pas un tir d'affut propre....je laisse la peau dessus 2-3 jours.....
un animal de battue......je taille large , tout ce qui est visiblement souillé,poubelle.......et je rince légèrement le reste,ou si il y a du poil collé,doigt sur le tuyau.

Eugène Mertz et Pierre Zacharie ,experts ,sont assez clairs sur le sujet.

Un sanglier d'affut,vidé proprement,laissé au froid en peau, et débité 3-4 jours après,c'est le must pour moi,60-80kg.......

je m'informe aussi pour aller plus loins dans le traitement de la viande....j’attends ce recevoir un bouquin quebecois sur le sujet...je pense qu'ils ont une crédibilité sur le sujet
https://www.amazon.ca/gp/product/289654 ... UTF8&psc=1
White hunter
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Re: traitement de la venaison

Message par White hunter »

J'étais du genre "ça doit être nickel" ... et puis je me suis mis en chasser quelquefois en solitaire un grand gibier. Doté de deux mains gauches, il était vraiment rare que la panse, les intestins ou la vessie ne cherchent à ternir un peu ma victoire. J'ai un peu progressé (on dit ça des cancers aussi) mais j'ai retenu qu'on n'est jamais malade et que c'est toujours bon ... Si ça ne traîne pas entre tir et éviscération, même calamiteuse.

Mais il ne faut pas exagérer non plus ... J'ai cependant vu tourner un foie de sanglier dans mon réfrigérateur en 24 heures. Complètement étonnifié ... Mais il avait sans doute été tué en battue tôt le matin, et éviscéré à la nuit, il avait eu droit à un bain bouillant de 3 -4 minutes malgré quelques trous dans le manteau. Mis le foie au frigo trois heures après ça, joli comme tout.

Et le lendemain, couleur bizarre, je le laisse. Et encore 24 heures pour voir, il avait des taches de forme ronde ! :cry:
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Chuck
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Re: traitement de la venaison

Message par Chuck »

Dérive sanitaire...
Aux USA les carcasses des animaux de boucherie sont nettoyées à l'eau de javel !...
Quant à moi, je rince les carcasses uniquement lorsque estomac ou intestins sont percés, et je pare les morceaux, largement, les morceaux souillés que je n'arrive pas à nettoyer.
De la viande mouillée non séchée correctement favorise le foisonnement des bactéries, donc sa corruption.
Quo qum que ferar erectus -BGG-or : 037511
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Reineke
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Re: traitement de la venaison

Message par Reineke »

White hunter a écrit : ven. 18 janv. 2019 11:31 Et le lendemain, couleur bizarre, je le laisse. Et encore 24 heures pour voir, il avait des taches de forme ronde ! :cry:
Un alcoolique :lol: :lol:
La peur et l'angoisse sont les pires poisons que l'esprit peut produire
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