Sledoo a écrit : ↑lun. 12 févr. 2018 19:09
Shaka a écrit : ↑lun. 12 févr. 2018 18:26
Merci Sledoo pour les précisions...
?
Quand vous dépecer un sanglier vous n'avez pas besoin de ré aiguiser ?
Sinon Reineke, mon beau père à déjà une meule à eau de dispo
, je pense me servir de la sienne.
Non, mes couteaux tiennent la coupe, même après avoir dépecé trois-quatre sangliers d'affilé. J'utilise majoritairement des couteaux perso avec lames en carbone (xc 70), j'ai même des fois un opinel N°10 bien aiguisé qui le fait très bien aussi. Maintenant, comme je te l'expliquais, si tu sens que ta lame ne mord plus en cours de dépeçage, tu la raffiles vite fait pour lui redonner du mordant.
Une petite précision pour ceux qui ne sauraient pas: il faut bien faire la distinction entre
affilage et
aiguisage...
L'affilage consiste à entretenir le fil du tranchant (l'arrête de la lame) pour qu'il conserve son pouvoir de coupe. On utilise à cet effet soit un fusil (le boucher), soit un cuir appelé strop (le barbier et son coupe-choux)avec de la pâte abrasives d'un côté et pâte à polir de l'autre. Une plaquette diamant fait aussi très bien l'affaire.
Mais quand le fil est totalement émoussé, là, il faut aiguiser, c'est à dire refaire l'angle de découpe.
L'aiguisage se fait soit à la pierre (grain allant de 240 jusqu'à 6000 environ), soit au backstand ou ponceuse à bandes avec divers granulométries (j'utilise perso du 240) peut-être que les couteliers descendent en dessous ? (Cody si tu es dans les parages...)ou encore une plaquette diamant pas trop fine.
après avoir aiguiser et donc refait le fil de la lame, il faut enlever ce qu'on appelle le Morfil (des particules d'acier qui ne se sont pas détachées de la lame, et pour ce faire, on utilise soit un cuir (même opération que l'affilage), soit un buffle (disque) en coton sur un touret ou une perceuse.
Salut Je passais justement par là par hasard
Entièrement d'accord avec toi concernant le paragraphe ci-dessus.
SAUF il faut arrêter d'opposer acier au carbone et acier inox. L'acier c'est du fer + du carbone. Point barre.
Si il n'y a pas de carbone il n'y a pas d'acier. Et pi c'est tout
Un acier avec environ de 0,50% de carbone sera plus destiné à faire un ressort qu'une lame
Entre 0,7 et 1% on est dans la bonne tranche, la qualité s'améliorant avec le taux de carbone, mais jusqu'à un certain point.
à 1,40% on a arrive à l'acier HSS très très difficile à réaffuter et qui commence à être cassant
à partir de 3% on est dans la fonte, ce n'est plus de l'acier et c'est très beaucoup cassant.
Là on est dans les aciers simples ex: Xc75
Les aciers modernes bien meilleurs sont dits '' aciers alliés,'' c'est à dire qu'au fer et au carbone indispensables et en quantité suffisante, on va ajouter du chrome (en très petite quantité pour obtenir de carbures de chrome très durs), du tungstène, du vanadium, du manganèse etc etc..tous ces adjuvant qui améliorent la qualité du mélange de base et sa capacité à bien prendre la trempe..
Maintenant, si vous voulez que votre acier ne s'oxyde pas, vous ajoutez au minimum 12.5% de chrome. On l’appellera alors acier inoxydable (inox pour les intimes)
Si comme pour les aciers 316, vous ne mettez que 0,2% de carbone pour 18% de chrome, cela ne rouillera jamais, mais cela ne coupera pas non plus.
Mais si vous mettez une dose suffisante de carbone et de chrome, vous former beaucoup de carbures de chrome et la lame devient inaffutable.
Il existe des aciers inox de très grandes qualité pour faire des lames, ce sont des aciers modernes dits de la technologie des poudres, ils coûtent très cher à la production, mais surtout imposent un processus et un matériel de trempe très sophistiqués si vous voulez en obtenir le meilleur. Processus et matériels très onéreux eux aussi, qui ne sont pas à la portée du premier venu.
Car ne l'oublions jamais, le meilleur acier ne vaudra rien si il ne subit pas les traitement thermiques exactement appropriés QUI LUI SONT PROPRES.....ll vaut mieux un acier moyen (genre XC70) bien traité qu'un très bon acier (ex Niolox) mal traité
Traité, cela veut dire qu'après torture à la forge, l'acier aura subit 3 revenus de normalisation (détensionnement des contraintes internes qui ont été crées)
Puis, la trempe elle même...à une température bien précise (quelques fois à 5 ou 10° près), avec une montée en température maîtrisée, avec un maintient en température controlé, avec un fluide de trempe bien précis (eau - huile - air - gaz - sel - sous contrainte- sous vide etc..) à une température bien précise, puis parfois cryogénisation à -60°.
Et puis surtout, après la trempe, vient le revenu... à quelques degrés près, vous faite varier la dureté de quelques échelons dans l'échelle de dureté Rockwell....une variation d'un seul échelon signifiant que l'acier est 7 fois plus ou moins dur qu'à l'échelon d'à coté. Ex le 90Mcv8 que j'adore utiliser est à 62 HRC avec un revenu à 180°, il serait déjà plus qu'à 60HRC à 200°
A 350°, j'en fais des ressorts.
Un jour à la chasse, j'ai tué 2 sangliers avec mon couteau (90Mcv8 bien sûr), et le soir, j'en ai ouvert et vidé 9, puis j'ai montré à mes collègues que je pouvais encore me raser les poils du bras avec.
Le meilleur des aciers inox classiques sera à 56/58 HRC quand un acier de la technologie des poudres arrivera à 65/67.
Je rejoints aussi Dédé13 quand il parle de la propreté d'une lame.. Cette propreté sera en grande partie due à son polissage.
Un acier poli miroir ne retiendra ni les saletés, ni surtout l'humidité. Une fois essuyé aucune gouttelette d'eau ne pouvant se maintenir en surface il n'y aura pas d'oxydation (au Japon, des katanas fabriqués à l'époque où Saint Louis régnait en France sont toujours à l'état neuf et ils ne sont pas en inox).
Une lame mal travaillée, présentant des rayures sera un nid à m....quelque soit son acier.
Quant au grain que l'utilise pour l'affûtage, je commence en principe au 400, je monte au 3000, et pendant ce temps, personne n'a le droit de me parler. Puis bien sûr le cuir de barbier, et enfin polissage du fil pour qu'il n'y ai pas la moindre arroche...
Je vais arrêter là en m'excusant d'avoir été un peu long, la prochaine fois, on se pose, on prend une bière et on y passe le temps nécessaire