Les copains expatriés (ou re-patriés) de Martes reviennent le temps d'une partie de chasse.

[Martes]

Il était une fois une bande d’amis qui s’étaient rencontrés au club de tir de la fac, et qui par chance et de par les manigances de Martes devinrent des chasseurs occasionnels, au gré des rares opportunités disponibles. Au cours des 20 années suivantes, la plupart réussirent à rester techniquement des chasseurs, mais depuis disons 2011, seulement parce que Martes s’acharne à organiser des sorties. Entretemps, l’un est parti au Portugal et a maintenant deux jeunes enfants, l’autre au Canada en a un. Les deux expatriés - ou plutôt re-patriés vu leur excellente intégration – n’avaient pas touché un fusil depuis leur départ.

Or en mai, à l’occasion du mariage d’un des amis (que nous appellerons A) en Touraine (il est franco-britannico-néo-zélandais, son équipe gagne toujours au rugby…), des discussions ont clairement eu lieu en secret pendant que je m’occupais de ma fille de trois mois, parce que cet été j’ai reçu un email du Canada. La femme de P me demandait si je pouvais organiser a l’occasion de ses 40 ans une partie de chasse avec ses vieux copains au Royaume-Uni. Pas facile à faire honnêtement, mais l’occasion était trop belle pour la laisser passer. Je vous passe les détails de l’organisation, mais simplement trouver un endroit ou faire une journée de chasse devant soi est assez difficile en temps normal, surtout dans le sud du pays. N’ayant pas de copains agriculteurs ou propriétaires terriens, je dois me limiter au secteur commercial, ou l’offre se concentre sur les battues de faisans et de perdrix, ce qui est non seulement très cher, mais de plus pas ce que nous aimons. J’ai fini par trouver une chasse qui convenait, et plus difficile encore, a un moment ou tout le monde pouvait se déplacer, abandonner ses enfants, sa femme et son boulot.

Deux derniers hics sont quand même advenus a la dernière minute, la semaine dernière. Premièrement, R. a dû annuler parce que sa femme avait oublié, lors de notre conversation préalable, qu’en fait ils avaient des billets pour aller en famille au ballet et que ce n’était pas négociable (je connais le couple assez bien pour ne plus me fatiguer a essayer de régler ce genre de conflit, 6 sur 7 c’était déjà une réussite inespérée…). Deuxièmement, et plus grave, ca:

https://www.gloucestershirelive.co.uk/n ... er-3546464

Avec quelques pirouettes, j’ai réussi à trouver une autre chasse pour nous dépanner a la dernière minute. Les avions décollèrent de Toronto et de Lisbonne avec J et P à bord, des fusils furent trouvés à leur prêter, tout était enfin prêt!

[Martes]

Vendredi matin, 6h : nous quittons Londres pour foncer vers l’Ouest avant l’heure de pointe, et passons ce célèbre calendrier de l’Avent géant sur notre droite juste après l’aube.

20191129_073417 by pinemarten, on Flickr

Les deux qui sont venus de Londres arrivent bien entendu les premiers, alors que les quatre qui avaient dormi à l’hôtel a cote sont à la bourre. Retrouvailles dans la cuisine de la maison des propriétaires ! J a gardé sa réticence britannique malgré huit ans au Portugal. Par contre P a adopté à merveille le comportement expansif et chaleureux des Canadiens. Au menu du jour : une journée de chasse devant soi le long des haies, des bois et des champs, agrémentée de quelques mini-battues improvisées (il y a deux ou trois rabatteurs avec des chiens), perdrix rouges, faisans, pigeons ramiers, canards et bécassines s’ils se présentent (ce qu’ils ne daigneront pas faire), pas le droit de tirer les bécasses ou le gibier à poil. Nous nous mettons d’accord avec le propriétaire que notre but est que chacun passe un bon moment, pas de faire un tableau énorme. Il est également clair qu’il organise cette journée pour nous dépanner, mais qu’il aurait préféré que nous fassions une journée de battue a 150 gibiers que de la chasse devant soi. Tout le problème de l’offre commerciale…

C’est parti ! Je suis emmené au coin d’un champ à côté d’un ruisseau avec W (que j’ai initié à la chasse l’an dernier), il remplit ses bottes d'eau glacée en traversant le ruisseau et moi je m’empale la main sur une épine, ce qui me rappelle que j’ai mes nouveaux gants achetés à Stockholm dans la poche. Ils prennent donc leur première tache de sang, mais pas d’un gibier. W a l’occasion de rater une perdrix, rien ne se présente pour moi, mais j’entends quelques coups de feu au loin, ou sont les quatre autres. Nous les retrouvons à la fin de la manœuvre, et ils ont tous au moins tiré une cartouche, il y a quelques faisans dans les gibecières. Avant de former une ligne pour traverser un champ, nous avons l’occasion de prendre une très rare photo de groupe.

20191203_095324 by pinemarten, on Flickr

Le champ cachait une seule poule faisane, qui fera les frais d’un tir de W. Dans un deuxième champ plus grand, un coq décolle a 20m devant moi. Un premier tir l’atteint mais ne le descend pas, il vire rapidement à gauche en s’éloignant, deuxième tir, et il tombe. Bredouille sauvée pour moi !

Puis une mini-battue avant le déjeuner pendant laquelle je rate plein de faisans, mais descend proprement une perdrix. A se retient de tirer sur une pintade qui a rejoint un groupe de faisans ! Nous déjeunons debout dans la cour de la ferme de rôti de porc dans des petits pains arroses des diverses boissons artisanales à base de vodka, de gin et de fruits sauvages, dont ma vodka aux framboises de mon jardin, que je gardais pour l’occasion.

L’après-midi, nous reprenons, tout le monde a mis quelque chose au tableau, mais on voit quand même que collectivement, le groupe est un peu « rouillé ». La théorie de J selon laquelle il avait 8 ans d’aptitude au tir accumulée à utiliser en une journée s’avère être fausse. Et W, qui tire bien mieux que moi aux plateaux, n’arrive pas à s’adapter très bien à une situation de chasse. Moi par contre, je me débrouille plutôt mieux qu’aux plateau. Lors de l’avant dernière mini-battue, je tire deux très beaux coqs au-dessus de moi lances à pleine vitesse. Puis j’aligne une poule, quand elle s’écroule soudain en suivant une trajectoire directement vers ma figure ! J’esquive, et voit A au coin du bois qui rit de bon cœur : « Ben je ne pouvais pas te laisser en faire trois ! ».

Au final, une journée réussie. En termes purement cynégétiques, ce n’était rien de spécial, je ne pense pas que j’y retournerais. Mais comme évènement avec mes amis, c’était inoubliable, les liens sont renforcés. Et P a passé son permis de chasse canadien, donc la prochaine fois, c’est chez lui (parce que depuis le début au club de tir il y a 20 ans, Martes manigance…)!

20191129_160232 by pinemarten, on Flickr

[michel39]

Superbe journée...Merci du partage et bravo pour ton organisation....

Belles images aussi

[Dédé 13]

Des chasseurs heureux, c'est beau à voir. Bravo pour ton organisation.

[Martes]

Merci!

En guise d'épilogue, quelques suites et conclusions.

1. J'ai terminé mon stock de cartouches a douilles plastique, et suis passé au carton, plus écologique. Accessoirement les armuriers ont été un peu pris de court par la prise de conscience vis-à-vis du plastique. L'an dernier ils etaient tous a court de munitions en carton. Cette année, ils ont plus de stock et les fabricants etoffent leurs gammes. Sauf que maintenant, le positionnement est ecologique plutot que "traditionnel".

2. Je sais comment nous avons collectivement tire parce que c'est moi qui apportait les cartouches. 168 cartouches pour 24 oiseaux… Les mecs, va falloir s'entrainer plus souvent qu'une fois tous les 8 ans, hein.

3. W. ne reviendra pas avec nous a la chasse cette annee. Mme W met tant de restrictions parce que dans le fond, elle est anti-chasse, que ca lui pourrit l'experience. C'est dommage, il adore. Et j'etais fier d'avoir recruté un chasseur.

4. Mais a deux pates de maison de chez W, chez moi, la releve est bien engagée!

20191130_155549 by pinemarten, on Flickr

[Chuck]

(...)
3. W. ne reviendra pas avec nous a la chasse cette année. Mme W met tant de restrictions parce que dans le fond, elle est anti-chasse, que ça lui pourrit l’expérience. C'est dommage, il adore. Et j’étais fier d'avoir recruté un chasseur.

Jolie journée, mais un conseil à ton ami W, arrêt de la biberine et injections de testostérone à forte concentration.
Maman lui fera la gueule un jour ou deux, puis ça lui passera, pour mémoire sur cette Terre, il y a deux femelles pour un mâle, et si j'en crois ce qu'affirmait Édith Cresson sur les anglais, cette proportion pourrait être beaucoup plus large sur ton île Alors maman, elle se tait et elle retourne gentiment dans sa cuisine

Alors quoi c'est-y que vous disez de ça les femens ?

[Martes]

Alors maman, elle se tait et elle retourne gentiment dans sa cuisine

Alors quoi c'est-y que vous disez de ça les femens ?

Ouais, alors je pense qu'ayant pris en consideration tes conseils, je ne vais pas les suivre. Premierement parce que la dame en question est adorable, mais elle a clairement un blocage la-dessus. Deuxiemement a cause du principe de non-ingerence dans les affaires d'autrui. Et parmi les gars sur la photo, il y en a bien 4 sur 6, sinon peut-etre les six, dont certainement moi-meme, qui sont les cuisiniers principaux du foyer.

[michel39]

Bienvenu au club...

A la maison, c'est moi qui cuisine....Et...Il vaut mieux....

[Janus]

Merci pour ce reportage sur cette journée de chasse et bravo pour le tableau obtenu sans battue organisée.

[houlotte51]

Qui dira que la chasse n'est pas la convivialité. Super cet effort pour se réunir pour une partie de chasse malgré les distances.