
Descendant de notre Sus Scrofa Scrofa, le javali se rencontre du sud du Brésil au centre de l’Argentine, où il a été introduit par les colons européens. En quasi absence de prédateurs (l’évasif jaguar, le plus commun puma, de très rares nemrods), le javali pullule. Il a le poil long, épais, et légèrement bouclé…trahissant sans doute une génétique peu avouable…
Des escrolos ayant réussi à faire temporairement fermer par un juge la chasse au petit gibier dans la province d'Entre Rios, je me suis rabattu ce week-end sur une chasse au javali à 3 heures de Buenos Aires.
En bon limier le gaucho Mauricio ne mange pas les jours de chasse. Pragmatique il a préféré aujourd’hui le pick-up aux chevaux, l’hacienda habituellement marécageuse étant totalement asséchée en cette 3eme année de « la Niña ». Il n’a pas non plus pris ses chiens « ils vont attraper les javalis et te gêner pour le tir »…On grimpe dans la camionetta: Mauricio au volant, Alberto le péon (gardien de bétail) basque à ses cotés, son fils Stanislav, mon ami Patricio, Mariano le fils de Mauricio, et moi dans la benne du pick up, et nous voilà partis à la chasse au javali sur les 5000 ha de « campo » comptant seulement 1000 têtes de bétail, et probablement un peu plus de suidés…
Situé en bord de mer et inondé lors des grandes marées, le marais est divisé en larges parcelles de quelques centaines d’ha, constituées d’une prairie tourbeuse que les javalis retournent assidûment, et de zones de « paronal », (très hautes graminées) où ils font la siesta. Une éolienne et une mare entourée d'un bosquet d'épineux viennent parfois perturber la ligne d'horizon.
Stanislav du haut de ses 11 ans repère les bandes de javalis à près d’un km alors que je les confonds avec les génisses black angus. Tel Daktari Mauricio nous en approche rapidement et se livre à une analyse dentaire avec ses jumelles. A la 5eme bande on repère un petit groupe isolé de 4 animaux dont un armé (« tiene boca »). On arme la winchester modèle 70, et les derniers 100 m d’approche se font quand même à pied, à découvert avec un vent de 3/4. Je suis suivi de Patricio colt 44 Magnum à la ceinture. Il faut bien attendre 3 minutes que l’animal convoité arrête de me montrer ses fesses ou se cacher derrière ses congénères, et je l’assassine à 120m. Je perds 20 secondes à chercher la douille de 308 Win, et quand je relève les yeux je vois un sanglier en pleine course à 150m que je prends pour le mien. Ça sera donc un doublé et ce deuxième sera un peu plus noblement tiré au galop à plus de 200m. Les 2 antérieurs sectionnés je pourrai le servir après que Mauricio lui ait fait une prise de judo argentin sans air de Tango.
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Mariano et Stanislav découpent les têtes en 30 secondes et les carcasses sont laissées sur place pour être récupérées durant l’après midi. Le peon doit avoir un GPS dans la tête et connaître chaque parcelle par coeur. Je teste Stanislav à plusieurs reprises il sait toujours me pointer la direction de sa maison pourtant cachée par la brume.
Deux autres tirs seront réalisés, guère plus sportifs, sur des animaux ayant la « boca grande ».
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Pour l'anecdote on passe à un moment devant une cage piège. Stanislav m'explique: on y met du mais et on attrape les jeunes sangliers, on castre les males que l'on les relâche pour les reprendre quand ils sont gras. C'est meilleur pour le Chorizo.
Retour le soir à Buenos Aires avec un sentiment mitigé, pas vraiment une chasse mais une bonne journée de plein air et de nature… vu une demi douzaine de lièvres, une vingtaine de perdrix, un renard, plus de 100 émeus (autruches), et des javalis innombrables. Une belle nature!
[IMG]https://.casimages.com/img//[/IMG] la maison du Peon Alberto et des 4 enfants, école à 20km
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une bande de javalis