Pour le souvenir je vais conter une aventure lors du brame dans les Vosges Gréseuses…
La fin de l’été annonce aussi l’époque du brame qui rend un peu fou les cervidés et surtout ceux qui les poursuivent. De retour d’affût où nous avons vu quelques cervidés dont un daguet « Abschuss » que nous essaierons de tirer lorsque le brame sera terminé, le portable sonne…
Fernand, le garde d’une chasse voisine, vient de faire tirer un grand cerf dans une harde. Celui-ci, suivi d’un faon, est parti avec la patte avant toute raide.
À la lueur de leur lampe de poche, ils ont recherché des indices sur une centaine de mètres sans aucun résultat. Fernand en homme des bois de grande expérience est sûr que l’animal a été touché. Mais où est-il ? …
Pour cette recherche, j’ai demandé à mon ami Gérard de bien vouloir m’accompagner. Autant demander à un sourd s’il voulait entendre.
8h30 : Nous sommes devant les difficultés de cette recherche où nous apprendrons que le cerf a été tiré de face avec une vieille carabine chambrée en 8x60S. Si la balle n’est pas rentrée dans le coffre, nous aurions affaire à une patte cassée haute et nous ne sommes pas rentrés. A l’anschuss sur un pré forestier nous ne trouvons pas d’indice. Ügo, après un petit tour d’inspection, part dans la bonne direction de fuite.
Nous descendons dans des pins sylvestres où nous trouvons le premier sang, le premier virage et la première traversée de chemin. Ügo va bon train sur ce talus qui longe une grande allée forestière ensablée avec cette poussière de schiste rouge propre à cette région. Au bout de plusieurs centaines de mètres, le chef de l’opération redescend sur l’allée principale. Pas de sang, pas d’indice, pas de pied ? …
Il prend quelques émanations de la profonde vallée qui se trouve sur notre droite et remonte sur le talus. C’est reparti, mais toujours sans indice. À cet endroit, l’allée forestière tourne en épingle. Une voie tracée dans la montée nous donne une idée où les biches auraient pu s’enfuir. Et, il semblerait que notre Cerf cherche à rejoindre la harde ! …
Maintenant dans l’ascension sous la splendeur des sapins des Vosges nous sommes toujours à la recherche d’indice. Cela fait près d’un kilomètre que nous sommes partis et je commence à douter. Je décide de redescendre vers la grande allée où Gérard et Fernand nous attendent. Sur une vieille piste Ügo vient de me signaler deux éclats d’os de patte d’environ cinq centimètres puis quelques gouttes de sang et enfin une reposée. Après un faux départ précipité, nous revenons à la reposée pour enfin trouver la bonne voie. Ügo tire vers la descente pour rejoindre l’allée principale. C’est bon, je viens de voir une goutte de sang sur une minuscule feuille de hêtre. L’allée traversée, nous descendons maintenant entre des énormes blocs de grès recouverts de mousse. Nous n’avons plus d’indice, mais à l’allure de mon compagnon, je sais que nous sommes sur la bonne voie.
Je viens de voir notre cerf, une trentaine de mètres en dessous de nous. Il est couché et nous regarde. Sans me souvenir que Gérard est armé, je lâche la longe pour la bloquer avec mon pied afin de pouvoir tirer. A cet instant Ügo qui vient de voir le cerf, s’élance vers lui longe au cou. L’animal se relève et descend une vingtaine de mètres, Ügo l’aboie, le cerf retombe. Je demande à Gérard de tirer, mais il refuse à cause du chien. Je n’ai qu’une solution, m’approcher pour récupérer la longe. A mon approche, le cerf se relève une dernière fois. Deux coups de feu claquent en cette belle fin d’été, notre animal ne souffre plus.
La balle du chasseur n’était pas rentrée dans le coffre de l’animal, l’antérieur était bien cassé. Un postérieur s’est fracturé dans la fuite sûrement à cause d’un éclat. Merci Ügo…
