Il était une fois dans l'Est...

[Dédé 13]

Bravo à vous deux et la suite, viiite.

[Martes]

Il restait encore tout juste assez de temps pour faire une dernière sortie. Jusqu’ici, j’avais tiré mon premier brocard alsacien, mangé des framboises, fait une partie de musculation. En ce faisant, j’avais vu des chevreuils, des chamois qui nous regardaient du sommet d’un alpage, une harde de biches avec un cerf qui broutaient de l’herbe AOC au pied des pistes de ski, mais pas de sangliers. Cette fois-ci, pas de mirador. D a décidé de faire le guide, et nous avons commencé une approche sur un chemin qui montait sur quelques kilomètres en faisant une boucle autour de la montagne. Apres une heure et demie environ, nous avons émergé des sapins dans les alpages, avec le soleil qui pointait derrière la crête sur la gauche. Devant nous, un spectacle époustouflant : la vallée couverte d’un lac de nuages, une première ligne bleue à l’horizon, et derrière celle-là une deuxième plus estompée mais plus haute : les Alpes ! Si on voulait vraiment, on pouvait deviner le Mont-Blanc, et je voulais vraiment. C’est rare de voir si loin en Aout, mais le grand orage de la nuit précédente avec éclairci l’air. Il devait être 7h30, et je pensais que c’était une belle façon de finir cette épopée vosgienne.

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Tout au fond, la Suisse. Mais si, regardez bien!

« Il nous reste bien encore une heure » a dit D, pour me tirer de ma rêverie. Et nous sommes repartis dans les bois. Sur le chemin, des feuilles mortes fraichement retournées, puis une chevrette dans les hêtres. Nous avons attendu qu’elle passe son chemin pour ne pas alerter le bois, puis nous sommes arrivés devant un bois de grands hêtres sur des sortes de terrassements couverts d’herbe verte en guise de sous-bois, un endroit particulièrement beau, qui avait été en fait une sorte de tranchée montagnarde pendant la Grande Guerre, ou Français et Allemands se sont fait face dans un enchevêtrement de téléfériques pendant quatre ans. C’est après ce bois qu’ayant obtenu un peu de réseau téléphonique, D s’est arrêté pour répondre a un message, et moi j’allais jumeler un peu mais sans plus trop y croire en attendant. Seulement je n’ai pas eu besoin des jumelles car a 30m de nous, juste à l’intérieur du bois, je voyais trois dos ronds roux : des sangliers ! Je les indique a D qui me dit que si j’ai l’occasion de tirer une bête rousse, je dois y aller. Je pose le drilling sur la canne, j’attends d’être sûr que l’un d’entre eux qui fouille vers l’amont est bien dégagé, place le point rouge au défaut de l’épaule (je croyais) et PAN ! Les sangliers fuient dans le bois tous ensemble, mais quelques secondes plus tard, l’un d’entre eux part dans l’autre sens le long de la cote a notre droite et nous l’entendons s’arrêter dans les fourrés. « Tu l’as eu, sinon il serait parti avec les autres ». Nous décidons d’attendre dix minutes, je couvre le chemin derrière moi au cas où il se relèverait et essayerais de fuir par là. Puis D grimpe un peu, très lentement, pour voir s’il peut repérer le sanglier. Il bouge toujours. Mais il perd beaucoup de sang. Tout d’un coup, il déboule sur le chemin, mais trop cache pour m’offrir une ligne de tir, puis s’écrase dans un roncier a cinq ou six mètres en contrebas du chemin. Nous attendons un peu, puis nous en approchons de nouveau. Je le vois, je pourrais retirer, mais nous pensons qu’il ne se relèvera pas… Nous avons tort ! Il dévale la pente raide jusqu’à 100m en contrebas, vire à droite ou je vois qu’il est arrivé sur une plaque de vert.

A ce stade, je veux bien admettre que je n’étais pas fier de moi. C’était la première fois que j’avais à rechercher un grand gibier que j’avais blessé, tout ça parce que l’anatomie d’un sanglier est différente de celle d’un chevreuil. Mon inexpérience causait de la souffrance a un animal que je n’avais pas réussi à abréger, et peut-être qu’on ne le retrouverait pas. Mais D avait confiance que nous allions le retrouver, et au cas où pouvait faire appel à un chien de sang. Nous avons décidé de redescendre la boucle, je laisser le sanglier tranquille et de le retrouver par le bas de la pente. Mais j’ai quand même broyé du noir en chemin. Arrive en bas, il y avait effectivement un bout de sous-bois enherbé, ce que j’avais vu entre les arbres. Cette fois-ci, pas question de fignoler : le premier qui peut tire. Je monte sur la gauche, D sur la droite, et après 5 minutes, mes oreilles sont assaillies par la déflagration de la Kipplauf de D. « Waidmannsheil pour ton premier sanglier alsacien ! ». « Waidmannsdank, pour mon premier sanglier tout court ! ». « Alors super-Waidmannsheil ! » répond D dans une belle pirouette linguistique.

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Premier sanglier et drilling.

Et voilà, mon premier sanglier, une petite laie de 14kg, une satisfaction mêlée de regret. Ça aurait pu finir plus mal, mais aussi bien mieux. Leçon apprise : il faut tirer plus en avant sur les sangliers.

Mais ne restons pas sur ce regret. J’ai vécu des expériences inoubliables et uniques dans la montagne grâce à D, fait un nouvel ami, trouvé un nouveau lien avec le village qui n’est pas hérité, mais bien à moi. La prochaine fois, je viserais plus bas en pente, plus en avant sur un sanglier, j’utiliserais le stecher du drilling qui a la détente lourde, et je demanderais un 4 Stable Stick pour mon anniversaire !

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Merci vilmols, D ! Du besch emmer bi uns herzli welkumme !

[Dédé 13]

Séjour riche en émotions et en résultats. Félicitations à vous deux.
Une bête rousse c'est plus facile à remonter au chemin qu'un douze cors.

[Mézydroit]

Vivement le brexit ou il va rien nous laisser !!!

[Pifpaf]

Superbes récits, et félicitations à vous deux !

[michel39]

beaux récits et belles photos.

Merci pour le partage et félicitations

[Martes]

Merci tout le monde, je suis ravi que ca vous plaise!

Au-dela des emotions et du giber, ca a aussi ete un sejour riche en apprentissages. Premierement, ca a ete la premiere fois que j'ai pu chasser sur le pas de ma porte (temporaire). D'habitude, aller a la chasse suppose au moins autant de trajet pour y aller et revenir que de temps passer a chasser, souvent une nuit sur place, et je dois prevoir chaque sortie longtemps a l'avance. Je n'ai jamais le loisir de simplement decider que ce n'etait pas bon aujourd'hui, donc on retournera demain. Et ma famille a particulirement apprecie que ca se passe a des heures ou mon absence n'avait aucun impact sur les choses domestiques, j'etais de retour pour le petit dejeuner avec les croissants! Le luxe, quoi. Accessoirement, c'etait la premiere fois que j'allais a la boulangerie avec des taches de sang sur les vetements! Une sorte de liberte aussi, ca....

D'un point de vue technique, si les techniques de chasse elles-memes sont les memes, les conditions de tir ne le sont pas, principalement par que tout se passe sur des pentes raides. Hormis la necessite de viser plus bas en consequence, j'ai aussi pu essayer les Stable Stick de D, et ca n'a rien a voir avec ma double canne en termes de stabilite. Je pense que ca demande un peu d'apprentissage (qu'on peut faire avec une carabine a plombs d'ailleurs, attention les ecureuils gris!) mais que si ca evite les tirs approximatifs, ca en vaut la peine. Je vais aussi me mettre a utiliser le stecher du drilling.

Enfin, j'ai pu voir de pres comment est organisee la chasse en Alsace et j'ai ete impressionne. La structure legislative avec les baux de 9 ans est particuliere, mais sinon le cadre associatif est assez simple. Les pratiques de gestion et les modes de chasse sont sensiblement les memes qu'ici, si ce n'est que tout est beaucoup plus encadre legislativement, que ce soit le cout des degats aux cultures, les plans de chasse et les bracelets, les constats fait par l'ONCFS pour le tir des cerfs et chamois. Ici, tout cela est au bon gre du detenteur du droit de chasse.

Ayant aussi chasse "dans l'interieur" en Mayenne et en Normandie (et dans le Cantal avec WH!), c'est tres tres different. Mais la variete fait partie de la beaute de la chasse.

[Dédé 13]

Ah, partir de la maison le fusil à la bretelle et le chien en laisse… Comme je regrette cette époque...

[sebastien]

Waidmannsheill pour tes animaux

La vallée de Munster est superbe, j'ai eu la chance de chasser à Eschbach au val à plusieurs reprises, c'est magnifique.
Et en plus prélever un animal avec un Drilling, c'est tout simplement fabuleux...
Je prends une ou deux fois par an celui de mon père, c'est une arme magnifique, mais très lourde

[Martes]

Waidmannsheill pour tes animaux

La vallée de Munster est superbe, j'ai eu la chance de chasser à Eschbach au val à plusieurs reprises, c'est magnifique.
Et en plus prélever un animal avec un Drilling, c'est tout simplement fabuleux...
Je prends une ou deux fois par an celui de mon père, c'est une arme magnifique, mais très lourde

Waidmannsdank!

Oui, c'est une belle vallée, et un endroit spécial pour moi, donc je considère que de chasser là a été un privilège énorme. Effectivement, je suis ravi d'avoir finalement décidé d'emporter mon drilling Simson qui n'avait pas encore vu de grand gibier. C'était la première fois que je traversais la Manche avec le Shuttle et une arme. Je le referais! "Je transporte une arme". "Voici un autocollant bleu". Euh, voilà... Formidable! En tous cas, quel beau baptême pour mon drilling...

Le mien n'est pas particulièrement lourd, en 7x65R et en 16. Il ne pèse pas plus que ma carabine à verrou. Mais c'est vrai que dés que les drillings passent au 12, ils prennent un kilo!