Quelque part à l’Est du Nord-Est sur une terre remplie d’histoire ou nous avions rendez-vous afin d’essayer de prélever Sus scrofa.
La situation géographique de ce territoire ne permettant pas l’appui de la gent canine pour sa propre sécurité, nous procéderons par quelques poussées silencieuses (Drücken) méticuleusement préparées.
En plus des sangliers que nous pouvons tirer sans distinction de taille et de sexe, nous avons la possibilité de prélever quelques chevreuils en évitant les brocards en velours (tradition) et bien sûr le futé renard.
Les équipes sont réparties et je me vois attribuer la mission de placer trois autres chasseurs ce que je n’aime pas particulièrement. Il y en a toujours un qui ne voudrait par être là ou qui attribue la faute aux autres lorsqu’il rate, enfin il faut bien aider cette belle et sympathique organisation…
Lors des deux premières poussées nous seront placés à terre face à la traque, pour les deux autres nous grimperons sur des miradors de battue en traversant juste l’allée. Heureusement la météo qui nous annonçait de la neige s’est trompée, une fois n’est pas coutume !
Cela n’a pas duré longtemps une demie heure peut-être, le quatrième de notre ligne lâche avec une rapidité incroyable quatre coups. Une laie prend une balle devant l’épaule, une autre sera paralysée du train arrière et nous devrons mettre fin à ses souffrances et un (une) troisième sera légèrement blessé. Ce sanglier sera recherché le lendemain avec un excellent chien de sang, mais ne sera pas retrouvé après plus de trois kilomètres de pistage.
Au même poste arrivera silencieusement un beau Keiler qui se faufilera dans la végétation sans traverser l’allée. Une balle lui sera dédiée, mais sera stoppée par une épine noire du précédent siècle. La première partie est terminée et nous pouvons grimper sur nos perchoirs.
Mon voisin de l’autre équipe lâchera une balle sur un sanglier sans résultat, puis un de ses copains resté stratégiquement à l’arrière fera de même en prélevant une jeune chevrette.
Cela fait plus de trois heures que je suis (comme les autres) dans cette atmosphère humide et glacée. Le silence est absolu, je n’entends même plus les traqueurs qui sont partis au bout du monde. Mon poste, que je sais intéressant, est complétement bouché par les épines noires autour d’un trou d’eau, pourtant je reste attentif…
Une petite branche vient de cassée puis ce bruit dans l’eau, l’attention est à son comble, devant moi à moins de trente mètres un sanglier est arrêté de face sous les épines noires et me regarde. Je ne bouge pas d’un cil, bien sûr il s’élance à gauche dans le plus sale en traversant le trou d’eau. Il est bien dans la lunette, mais je suis en retard et ne vois plus, ni la tête, ni l’épaule.
Le Degol en 9,3 vient de le toucher car il pousse un énorme cri en faisant demi-tour, il retraverse le trou d’eau et disparait sous les épines noires. Je l’entends dans les pailles de verges d’or (Solidago) puis le silence revient.
Et forcément le doute s’installe ! …
Une demie heure plus tard l’opération est terminée et je peux descendre d’un étage afin d’en savoir un peu plus. Je contourne le trou d’eau par la droite, ne trouve pas d’indice et recherche l’anschuss dans les épines de gauche. Du sang assez sombre que je retrouve avant l’eau, je balise les deux tâches rouges et ressort de cette végétation hostile. Il est vraisemblable qu’il s’agisse d’une balle de tripes voire de foie et dans ce cas-là la précipitation est mauvaise conseillère…
Néanmoins le patron et deux de mon équipe veulent vérifier l’un l’anschuss et les autres le sang dans les pailles. Quant à moi je recommence par la droite, trouve une tâche de sang et un frotté à l’entrée des pailles, puis du sang et encore du sang. Nous avons fait une quarantaine de mètres et trouvé une laie de 70 Kg, merci Messieurs pour votre aide.